La tentation d’écrire un autre chapitre, l’idée de ne pas avoir terminé mon petit livre, alors que je l’estimais déjà achevé, voilà ce qui, jusqu’à un certain point, m’avait incité à accepter. Et par-dessus tout ce que j’avais exprimé plus tôt : même si tu es fatigué et décides de tout lâcher, même si la vie tranquille que tu n’as pas eue te manque (ce qui relève du fantasme : comment veux-tu qu’elle te manque, si celle que tu as menée était toute différente, tissue de tensions, d’imposture et de risques ?), tout initié qui a cru pouvoir, à l’occasion, changer d’un iota l’ordre des choses ne saurait supporter de ne plus être dans la course. On ne peut s’empêcher d’exercer une influence, si infime soit-elle, à seule fin de modifier le cours d’une minuscule existence. Dans ce cas, faire payer quelque chose à une personne qui vivait allègrement après avoir participé à des crimes ignobles, une femme qui les avait peut-être estimés légitimes à l’époque et les avait éradiqués de sa mémoire, alors qu’elle se considérait comme quelqu’un d’autre, et en sécurité.