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Citation de Cazaubon78


Un samouraï pêchait le long d'une rivière. Il prit un beau poisson. Il s'apprêtait à le cuire, se réjouissant du festin à venir, lorsqu'un chat, tapi dans un buisson, bondit et lui vola son repas. Fou de rage, le guerrier sortit son sabre et se lança à sa poursuite. Il le rattrapa et le coupa en deux. Mais le remords d'avoir ôté la vie à cet animal le tenailla. Sur le chemin du retour, le bruit du vent dans les arbres semblait évoquer un miaulement. Ses pas sur le sol aussi. Même les gens qu'il croisait, amis ou inconnus, paraissaient lui dire "miaou". La nuit, il entendait le chat. Le jour, chaque geste, chaque pensée le ramenaient à son cri. Son obsession le torturait. Comme il ne pouvait en venir à bout, il se rendit dans un temple pour demander de l'aide à un vieux maître zen. Une fois qu'il lui eut raconté son histoire, le sage le toisa avec sévérité et lui dit : " Vous êtes un guerrier. Comment avez-vous pu tomber si bas? Si vous ne pouvez surmonter par vous-même cette épreuve, vous ne méritez plus de vivre. Vous n'avez d'autre solution que de vous faire hara-kiri. Cependant je suis moine et j'ai pitié de vous. Dès que vous aurez commencé à vous ouvrir le ventre, je vous trancherai la tête pour abréger vos souffrances. ". Le samouraï acquiesça. Malgré sa peur de la mort, il se prépara pour la cérémonie. Il s'agenouilla, prit son poignard à deux mains. Derrière lui, debout, le moine se préparait à le frapper. "C'est le moment. Allez-y.,", lui dit-il. Lentement, le guerrier posa la pointe du couteau sur son abdomen. C'est alors que le sage lui demanda: "Entendez-vous toujours des miaulements?."A la fois surpris et agacé d'entendre pareille question dans un moment aussi crucial, le samouraï répondit: "Pas maintenant ! Vraiment pas maintenant !." Le vieux reprit, en baissant son sabre : "Alors il n'est plus nécessaire de mourir."
Le commissaire et Sophie Lantier échangèrent un sourire complice. Lors du second zazen, les pratiquants avaient parfois droit à une histoire de cet acabit, censée souligner tel ou tel aspect de la pratique. Il s'ensuivait généralement un échange entre le godo et les adeptes sous forme de questions / réponses : le mondo.
Hortense, petite brune piquante d'une trentaine d'années, commenta:
- Cette histoire nous explique comment distinguer dans nos vies ce qui a de l'importance et ce qui n'en a pas. Au moment de la mort, plus rien ne compte. L'attention du samouraï, jusqu'alors absorbé par ses remords, n'est plus focalisée que sur le sort qui l'attend.
- C'est exact, reconnut le godo. Le samouraï sait que son heure est venue. Ici et maintenant. Il est dans l'instant présent. Son esprit est délivré de toute autre pensée.
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