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Citation de Roussouly


Jean-Baptiste Roussouly
C’était aujourd’hui vendredi. Depuis six heures et des poussières, le soleil matinal, encore chaste et complaisant, inondait de lumière notre chambre fruste et sans âme ; lui qui habituellement orne tout, enjolive tout, ne la rendait pourtant pas plus douce à nos yeux ensommeillés. Pire, il mettait au grand jour sa laideur. Le sol granuleux en carreaux de ciment gris, les murs moutarde tachetés, ridés, effrités et cloqués comme les mains d’une vieille et la salle d’eau si affaiblie et endommagée qu’on aurait cru une pièce oubliée. De toute évidence, nous n’étions pas les premiers à séjourner ici et nous ne serions pas les derniers non plus. Les persiennes bleues lavande de la fenêtre se projetaient en une marinière d’ombre au dessus de mon lit. Je comptai chaque sillon sur le mur - cette sorte d’exercice mental, répétitif et absurde occupant quelconque léthargie ou assouvissant une curiosité elle aussi tout à fait inutile - durant que Paul, Jérémy puis François se lavaient car j’avais décidé ce matin de me rendre levé et propre le dernier. J’avais observé tout ce temps nos corps que le voyage avait grandement amaigris. François déjà maigre était décharné, Jérémy pourtant trapu était efflanqué et Paul qui bien qu’ayant de belles réserves se voyait aussi les joues creusées. L’Afrique quant à moi ne m’avait pas épargné. Allongé, mon ventre se trouvait plat et creux comme une assiette de table et debout lorsque je m’habillais mes bermudas se retenaient à peine de glisser en dessous du pubis. Seul mon vieux short maillot jaune délavé faisait l’affaire car la cordelette serrait mes hanches comme un lasso autour de la tête d’un veau. François et Jérémy s’étaient vêtus aujourd’hui de la tenue surmesure qu’ils avaient fait confectionner à Diébougou. Sous leur chemise droite, ils étaient d’un élan plus rare que Paul ou moi, parés d’un pauvre tee-shirt rebattu.
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