Jean Baruzi

Biographie :

Jean Baruzi n‘a pas écrit un nombre considérable de volumes. Mais son activité scientifique fut étendue et variée. Et la vie philosophique était faite pour lui non pas seulement de la méditation silencieuse, suivie de publications, mais des contacts personnels, de la présence humaine des interlocuteurs ou des auditeurs.
Les travaux qu'il a réalisés, les congrès auxquels il a participé, montrent une culture exceptionelle. Il a pu mener avec maîtrise des recherches érudites dans les bibliothèques espagnoles, allemandes, anglaises. Et chaque fois pour étudier des manuscrits.
Dès sa jeunesse, il s‘était intéressé à des études de philosophie religieuse. Il n‘avait guère que 20 ans lorsqu‘il se rendit à Hanovre pour étudier les manuscrits inédits de Leibniz. Quelques années plus tard, il donnait à la Revue de métaphysique et de morale des extraits de ces papiers. Son premier ouvrage fut consacré à Leibniz et l‘organisation religieuse de la terre. Et il publia dans une collection d‘œuvres de pensée chrétienne un recueil abondant de textes inédits, précédé d'une importante introduction.
Tous les philosophes ne sympathisent pas avec Leibniz, auquel on reproche parfois trop d’habileté, un trop grand souci des arrangements. que ce soit dans l‘univers ou dans les choses humaines. J‘imagine que l‘esprit bienveillant de Baruzi appréciait l'étendue de ses intérêts intellectuels et son penchant à la conciliation.
Mais c‘est vers l‘étude de la mystique au sens plus strict du mot, que devait spécialement se diriger Baruzi. D‘où cette thèse sur Saint Jean de la Croix et le problème de l'expérience mystique parue en 1924. Elle supposait l‘érudition considérable à laquelle on a fait allusion, une reconstruction minutieuse des états psychologiques très complexes dont les écrits du saint nous [ont la révélation. en cette progression vers un dépouillement total. Mais la description la plus fidèle ne va pas sans une interprétation, Baruzi pensait avec Delacroix que le psychologue peut décrire avec exactiludc les faits observés sans participer à l‘hypolllèse transcendante du mystique lui-même, mais qu'il était impossible de s‘en tenir là et que le problème de la mystique n'était pas d‘ordre purement psychologique.