[…] Sam, le "geôlier", le gardien de la prison, lui aussi reçoit les ordres directement des Allemands. Mais il n'a qu'un seul souci : soigner ses prisonniers, les nourrir, leur procurer des couvertures, faciliter les sorties, permettre des visites nocturnes. Il sait que s'il est surpris, il sera immédiatement déporté. Tranquillement, avec gentillesse et simplicité, Sam risque constamment sa liberté et sa vie.
Ma mère me lâche. Nous nous regardons, yeux dans les yeux, profondément, en silence. Nous sommes séparées et je ne la vois pas monter dans son camion.
Nous ne nous sommes pas dit au revoir, nous ne nous sommes pas embrassées.
[…] Ma mère a aujourd'hui cinquante ans et les aura toujours.
(Eva Tichauer)
Dans cette ambiance inhabituelle, les enfants en bas âge se mettaient généralement à pleurnicher. Mais après avoir été consolés par leur mère ou par les hommes du kommando, ils se calmaient et s'en allaient vers les chambres à gaz en jouant ou en se taquinant, un joujou dans les bras. (Rudolph Hoess)
Dès 1934-1935, en effet, l'État hitlérien forge un appareil législatif prétendant lui assurer "définitivement la primauté et l'autorité dans les domaines de la vie, du mariage et de la famille" […]. Les deux premiers de ces textes formèrent la base légale d'un programme de stérilisation concernant plus de 350 000 personnes, dont un cinquième dès les deux premières années d'application. Rappelons enfin que les premières mesures eugéniques strictement racistes visèrent non les juifs mais les "bâtards de Rhénanie", enfants issus de soldats noirs membres de l'armée d'occupation française et de femmes allemandes : dès 1934, ceux-ci furent soumis à la stérilisation, au même titre que les malades mentaux et les "éléments asociaux".
On les a vus arriver… toute cette foule… des enfants tout seuls… amenés par les flics. […] Faire ainsi souffrir des mères, faire souffrir des enfants… C'était quelque chose d'effarant… Ça m'a rendu vraiment malade, vraiment malade. (Etienne Rozenfeld)
Au mois d'août 1942, j'ai vu arriver à Drancy quatre mille enfants en bas âge, entre deux et douze ans. […] C'était une chose absolument épouvantable, d'autant plus que le comportement de ces enfants était très émouvant. (Georges Wellers)
L'ennui quand on donne des chiffres, c'est que ça devient des statistiques et qu'on oublie que, derrière ces statistiques, il y a un homme, une femme, un enfant. (Henry Bulawko)
Si à Drancy, il y avait quelque chose d'insupportable, d'intolérable : les enfants de deux-trois ans internés, souvent sans leurs parents. (Roger Trugnan)
Les représentants de la police française ont à différentes reprises, exprimé le désir de voir les enfants également déportés à destination du Reich.
Il fallait de trois à quinze minutes pour tuer les hommes se trouvant dans la chambre à gaz, selon les conditions climatiques. (Rudolph Hoess)