Jean-Christophe Cavallin vous présente son ouvrage "
Valet noir : Vers une écologie du récit" aux éditions Corti.
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valet-noir-vers-une-ecologie-du-recit
Note de musique : © mollat
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[...] l'homme et ses récits ont quitté la terre. Tandis que l'un s'enfermait dans la technologie et la culture urbaine, les autres s'enfermaient dans le culte du texte. Aussi belle que soit cette religion textualiste, l'indifférence qu'elle professe à l'endroit du référent – prétexte de ses jeux de structures et de formes – ne se différencie pas de l'incurie écologique qui caractérise les modes de vie hyper-industrialisés apparus dans les mêmes années. Dans un cas comme dans l'autre, une amnésie du contexte, un oubli délibéré de tout environnement permettent de vivre dans la fiction d'un monologue pur du texte avec le texte et de l'homme avec l'homme. Le désastre écologique change la donne du problème.
Plutôt que des mondes possibles, une écologie du récit produit des mondes tangibles. L'intrigue, régulièrement, au lieu de courir, y revient au monde. La littérature de genre – la fantasy, la science-fiction – peut lui servir de main courante. Le problème du rapport au monde, résolu ou refoulé par notre modernité, doit être remis au centre L'écologie du récit suppose une réforme culturelle dont l'horizon encore lointain est une culture vivante, c'est à dire une relation créatrice et rétroactive avec un monde qui fait retour. Complétons la banquette avant : l'auteur est à la place du mort, l'anthropologue est aux pédales et, assis sur ses genoux, un mythographe tient le volant.
Nos ancêtres imaginaient et réalisaient le monde en accomplissant des rites. Nous en négocions la réalité en produisant des récits. Si nous laissions le mal qui vient pourvoir tant de sujets d'effroi et tant d'objets de douleur que notre imagination ne pourrait tenir le rythme, nous tomberions peu à peu, individuellement et collectivement, dans une stupeur sans exorcisme.
C'est le mythe contemporain qu'on appelle l'anthropocène : les modes de vie humains (la Cité) changés en force géologique (la Planète). En s'enfermant dans la Cité, l'homme a créé le cauchemar dont la Cité était censée éloigner de lui l'épouvante : une Nature effrénée, déréglée, livrée au chaos.