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Citation de collectifpolar


Le jour peinait à se lever lorsqu’il reprit la direction du fleuve. Il se laissait simplement dériver, visant au loin le vieux pont de Saint-Cloud, avec derrière la masse blanchie par le gel du mont Valérien.

Son regard se perdit vers le bois, à gauche. Trois lieues derrière, c’était Paris, où il vendait parfois le produit de sa pêche. Il n’avait jamais beaucoup aimé cette ville, malodorante, trop grande et peuplée par trop d’étrangers à son goût. Depuis maintenant deux ans qu’on y faisait cette Révolution, il l’aimait moins encore, craignant toujours d’y prendre un mauvais coup. Il se méfiait de ces messieurs qui voulaient les places des aristocrates. Ils portaient des armes et des uniformes, ils se pavanaient dans les rues en se faisant appeler patriotes ou gardes nationaux. Lui-même n’était pas assez riche pour se mêler à cela. D’ailleurs, il ne comptait pour rien, ne payant pas d’impôts et n’étant donc pas citoyen actif. Il craignait simplement que les anciens maîtres ne reviennent un jour pour se venger. Et puis, d’ailleurs, rien n’avait vraiment changé. Il ne gagnait pas plus, ne mangeait pas mieux. Quant au château de la Reine, il n’avait point bougé, avec sa terrasse et ses bâtiments arrogants, à trois cents pieds du pont où passaient autrefois les carrosses ou les troupes, en direction de Versailles.
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