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Citation de Bradomin


"Il appartenait à l’Italie de voir naître les deux princes de l’Exil dans la poésie classique en Occident : Ovide dans l’Antiquité, et Dante pour ce que nous appelons tristement – à notre plus grande confusion – le « Moyen Âge » et qui fut en réalité l’âge d’or de la chrétienté : Die Christenheit oder Europa, écrira Novalis, le corps mystique du Vieux Continent.

Un séjour dans la péninsule italique en ce début prometteur du XXIe siècle m’a permis de croiser à nouveau trois destins exemplaires de poètes exilés, trois paradigmes pourrait-on dire : à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Ezra Pound ; à la fin de l’Antiquité, Boèce ; entre les deux, à mi-chemin environ de la chute de Rome et de l’effondrement des empires européens modernes : Dante, le proscrit converti en icône, ou en idole. Avec La Divine Comédie, il a posé les fonts baptismaux des lettres italiennes, en même temps qu’il sculptait le Poème Cardinal de la Chrétienté.

Ce n’est pas tant à Florence qu’il faut chercher les traces de Dante, ni à Vérone, mais en des lieux de nos jours plus excentrés, à commencer par Ravenne, capitale de l’Italie à partir de l’empereur Honorius, puis sous Théodoric et à l’époque byzantine (quand Justinien fonda l’exarchat). Ensuite, la cité entra dans la corbeille des États Pontificaux, avec Pépin le Bref et les carolingiens. Ravenne, à présent, semble comme décalée, somnolente -- loin, en tout cas, de certaine arrogance florentine finement croquée par Malaparte --, mais ses trésors d’art, en termes de qualité, n’ont rien à envier ni à la Vénétie ni à la Toscane, et pas même au Latium..."

Jean-Claude Masson, Poeta in partibus, "Argument", p.10
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