La femme va et vient entre les uniformes et les kalachnikovs prêtent à se déchaîner à la moindre alerte. Elle passe sans les voir, comme à travers eux. Les manches retroussées, ignorant le froid, de sa démarche de paysanne, elle va d'un camion à l'autre, part se réapprovisionner, se hâte de revenir, sans se douter que ce pays dont nous n'avons pas encore foulé le sol, grâce à elle, nous sommes déjà en train de l'aimer.
A deux mille kilomètres de ma terre, à un poste frontière enserré dans la gangue d'un ciel sans étoiles, à deux pas d'un pays ensanglanté qui vient de triompher d'un tyran, je bois, offert par une vieille femme surgie de la nuit exprès pour nous, un gobelet de thé...