À l'occasion, nous apprenons qu'un fabricant a volontairement supprimé ou embelli les données d'une étude pour rentabiliser son produit, qu'une compagnie, informée que son médicament était à l'origine de nombreux décès, a continué de le commercialiser; que tel autre fabricant a tenté de bâillonner des chercheurs dont les découvertes mettaient en question l'efficacité et la sécurité de son médicament, que tel autre encore a falsifié les indications thérapeutiques de son produit pour doper les ventes et versé le prix fort à des médecins et des pharmaciens pour en faire la promotion, ou, enfin, qu'un médicament a été retiré de la circulation à cause des dangers qu'il représente.
Michael Reich, de l'université Harvard, a examiné 16 566 dons de médicaments destinés au tiers-monde entre 1994 et 1997. Il en arrive à la conclusion que les sociétés pharmaceutiques combinent leurs dons avec la gestion de leurs inventaires. À cause de la nature même des médicaments, les coûts pour les détruire sont élevés. Reich ajoute que la gestion des inventaires est dispendieuse et que les sociétés pharmaceutiques ont droit à des dégrèvements d'impôts lorsqu'elles font des dons. Cette pratique présente donc un double avantage : elle est excellente pour l'image et avantageuse financièrement.
Une étude récente publiée dans les pages du News England journal of Medecine souligne que les chercheurs manquent d'informatiion sur l'efficacité des médicaments, particulièrement pour les sous-genre de la population comme les enfants, les femmes et les vieillards. Ce manque d'information est d'autant plus inquiétant que les fabricants de pilules, principaux bailleurs de fonds de la recherche, utilisent les résultats des essais cliniques pour faire la promotion de leurs produits.
En jetant ce pavé dans la mare des marchands d'une industrie multinationale qui est, sans conteste, le plus usuaire des profiteurs : un taux de profit de 40 % pendant la décennie 1990, soit quatre fois plus que la moyenne des six autres secteurs commerciaux et industriels les plus rentables à l'échelle de la planète !
D'une part, sur les 25 médicaments les plus vendus, 20 sont américains; c'est surtout vers les États-Unis que s'envolent les profits lorsqu'une nouveauté nous est prescrite.