Poèmes retrouvés
VERLAINE
Le grand enfant candide, égaré dans les villes,
Chante sans s'arrêter son bonheur, son malheur,
Et dans ce désarroi, le cristal de son cœur
Résonne, Musicaux et purs, les sons s'effilent.
Son corps ne peut sortir des apparences viles,
Mais son âme d'aurore est une frêle fleur
Où reste pour donner de la fraîcheur un pleur,
Une larme divine aux reflets bleus, tranquilles.
Il chante, rit, sanglote et prie. On le croirait
Inapte à être sage, humain tant il est vrai,
Tant il se laisse aller dans l'azur ou la fange.
De la vie, il se fait maudit, le vaincu,
Mais il ne peut la voir que comme un rêve étrange :
Son âme simple a trop souffert d'avoir vécu.
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