Le « mouvement du 13 mai » s'oriente de plus en plus nettement, en particulier sous l'action de M. Soustelle, dans le sens gaulliste. Les cris de « vive de Gaulle » se multiplient dans toutes les manifestations, et elles sont nombreuses.
Les chefs militaires ont choisi leur voie, et ils éliminent tout ce qui peut les gêner. C'est ainsi qu'ils font expulser trois parlementaires, un poujadiste, M. Berthommier, et deux ex-poujadistes connus pour leur action de perturbateurs professionnels, MM. Le Pen et Demarquet.
Ces derniers, partis le mardi 20 par avion, d'Espagne, sont accueillis le soir même à l'aéroport d'Alger par la police militaire qui, malgré l'opposition de certains éléments civils et les cris de M. Le Pen, oblige les voyageurs, mitraillette au poing, à reprendre l'air.
« J'ai été transporté à l'avion, raconte un témoin, M. Edward Saint-John. Les deux députés aussi. Demarquet ne disait rien, Le Pen hurlait et se débattait. Les soldats ont été brutaux. Nous avons été tenus sous la menace de deux automitrailleuses jusqu'au décollage final. »
« Après nous avoir complètement fabriqué une histoire (…), fait croire que Jeanne d’Arc a sauvé la France de l’Angleterre alors qu’elle a sauvé l’Angleterre d’une France qui aurait dominé le conquérant par sa culture, sa démographie et son économie, (…) on a voulu faire croire, et on a fait croire aux Français qu’ils avaient gagné la guerre de 39-45. » (p.102)