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Citation de GabySensei


Les macchabées, comme toujours, passaient chez nous, s'attardaient un temps, puis rebroussaient en leur contrée d'outre-jour. L'un d'eux, toutefois, séjourna à la cabane plus que de coutume. C'était un ménestrel à longue chevelure et aux yeux entourés de lunettes, qui trimballait en permanence un gratte-corde. Il venait, s'assoyait sur une billette et empoignait son instrument dont il pinçait le cordage, produisant de la sorte des mélodies exquises.

Ce furent les seuls sons que j'entendis jamais émanant d'un mort. "A défaut de vocabulaire, remâchais-je, les morts useraient donc de musique ?" Je cherchait à traduire ce mystère. Et je songeais, non sans trouble : "Peut-être découvrirons-nous, à l'heure de notre fin, que parole au fond, est par trop pauvre et insignifiante pour traduire notre domaine intérieur. Mais que les mélodies constituent non seulement un langage plus approprié, mais aussi plus rassembleur, et immortel, formant passerelle entre les mondes. Et comme, le plus souvent, musique est exquise, peut-être trouverons-nous finalement que beauté est seule grammaire qui vaille." N'est-il pas singulier qu'une telle méditation m'ait été inspirée par un défunt ? C'est matière que j'avais voulu enfoncer en père : que mort puisse être bon maître et servir aux vifs comme boussole aux égarés.

(P110)
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