Alors que les systèmes physico-chimiques inorganiques sont régis par des proportions symétriques régulières et statiques, comme dans les formations cristallines, les organismes vivants, eux, utilisent, pour croître, des proportions asymétriques qui permettent une progression homothétique, c’est-à-dire qu’ils grandissent tout en restant pareils à eux-mêmes. La « divine proportion », basée sur le nombre d’or, est un de ces rapports, que Kepler appelait « le joyau de la géométrie ».
Les nombres (l’esprit) et la géométrie (l’âme) règlent la structure de façon à en faire une synthèse de l’ordre du monde au sein de l’architecture (le corps) de la cathédrale.
Certains points […] constituent des nœuds de résurgence magnétique particulièrement forts et canalisent en même temps les énergies cosmiques. Les anciens les appelaient « nombril du monde », reliant, comme le ferait un cordon ombilical invisible, la terre à la matrice céleste. Ces points, matérialisés par une pierre dressée, comme les menhirs celtes, les huacas incas ou l’omphalos de Delphes, constituaient des centres à partir desquels la construction d’un temple ou d’une cité pouvait s’organiser.
Si le mot rythme détermine généralement une périodicité d’événements dans le temps, la symétrie est son équivalent dans l’espace. Elle est un enchaînement de mesures entre différentes parties, et entre ces parties et le tout. Un intervalle musical, consonant ou dissonant, entre deux notes est équivalent à un rapport entre deux longueurs ou deux surfaces.
Entre le microcosmos (l’homme) et le macrocosmos (l’univers), la cathédrale est un mésocosmos, espace intermédiaire, reliant, en les intégrant, l’infiniment petit et l’infiniment grand.
La hauteur d’un être humain depuis la tête jusqu’au nombril divisée par la hauteur du nombril aux pieds tend vers le nombre d’or.
[Au centre du cercle], il y a un point à égale distance duquel se trouvent tous les points de la circonférence. Que ce point disparaisse –autrement dit qu’il n’y ait plus de point à égale distance duquel se trouve la circonférence –et le cercle disparaît par la même occasion : c’est donc le point central qui rend possible l’existence du cercle. Or, nous savons que le point n’a pas de surface, pas de dimension, autrement dit, qu’il n’a pas d’existence objective. En conclusion : le cercle, qui est une réalité spatiale, doit son existence à « quelque chose » qui se trouve en son centre et qui, lui, est sans exister. Quel plus beau symbole de la fonction fondatrice et créatrice de l’esprit dans la matière ?
La traversée de la cathédrale est comme une naissance progressive, une seconde naissance, non plus au monde physique, mais à celui de l’esprit.
Horizontalement, le ciel est représenté par le chœur de l’édifice, la terre par la croisée du transept, et le monde souterrain par la nef. Verticalement, les voûtes et la flèche correspondent au ciel, le sol et l’espace de la nef à la terre et la crypte, ainsi que le puits, au sous-terre.
Le symbolisme s’est imposé à l’homme : il est le langage de la nature, que l’on peut apprendre. Ou ignorer.