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Citation de lanard


Les cerveau d'Einstein, (...), s'impose de manière bien singulière, passive disons, chez Michael Paterniti dans Driving Mr. Albert, livre résumé par son sous-titre: "Un voyage à travers l'Amérique avec le cerveau d'Einstein". Etonnant road book, ce récit s'inspire du New Journalism américain, tel que Truman Capote et Tom Wolfe ont pu l'incarner. Le narrateur, le journaliste Michael Paterniti, contacte Thomas Harvey, l'homme (âgé de quatre-vingt-quatre ans au moment du récit) qui a retiré, quarante-cinq ans plus tôt, le cerveau du crâne d'Einstein et l'a toujours en sa possession. Fasciné par cette histoire, il veut comprendre ses motivations. Il décide de se proposer comme chauffeur pour accomplir le voyage dont rêve Harvey: se rendre du Maine en Californie pour remettre à Evelyn Einstein les pièces détachées du cerveau de son grand-père.
Mort en 1955, Einstein voyage encore à la fin des années 1990 à travers l'Amérique, grâce aux bons soins d'Harvey. Le cerveau ne "vit" peut-être plus, mais l'esprit du savant continue d'exister grâce à celui-ci et stimule la réflexion. Le narrateur ne se rend-il pas compte que le seul fait de voyager avec l'encéphale d'Einstein à proximité teinte tout ce qui voit et éclaire singulièrement sa vision de l'Amérique? Surréaliste, ce périple voit survenir des épisodes comiques. Le narrateur est soudain pris, frénétiquement, d'une envie de toucher le cerveau: "Je l'admet. Je veux le tenir [...], prendre la mesure de son poids dans ma paume |...] Est-ce que ça rappelle le tofu? Un oursin, le saucisson de Bologne? Et qu'est-ce qu'un pareil désir fait de moi? Un membre de cette légion de délirants amateurs de reliques? ou pire encore?" [42]. Parfois, il ne peut s'empêcher de mentionner aux gens ce qui traîne dans leur voiture, provoquant un spectre de réactions très large. A une extrémité, il y a cet employé d'un motel hurlant qu'il est sacrilège de comparer Einstein à un dieu. "Einstein, un dieu? Ha ha ha! Je ne pourrai pas dormir pendant quelques nuits. Arrêtez de m'insulter! Jésus est un dieu! Einstein ne peut sauver la vie à personne! [...] Si pendant trois minutes votre bouche et votre nez sont fermés, vous allez mourir sur place et Einstein ne pourra rien pour vous!"[169]
Mais ce récit n'est pas que drôle. Traversant le territoire américain, Paterniti propose un portrait culturel des États-Unis. D'abord en instruisant le lecteur des réactions qu'Einstein suscite chez les gens. Ensuite, en rappelant quelques épisodes importants de la vie du physicien qui se superposent à l'époque contemporaine et colorent le monde d'aujourd'hui. Les réflexions métaphysiques et philosophiques alternent avec des explications précises: comment Harvey a-t-il retiré et conservé le cerveau d'Einstein? Comment a-t-il pu en garder la possession? A ce sujet, il existe beaucoup de confusion, les interprétations varient, et comme le mentionne le narrateur: "Il n'y a pas de précédent en cours pour la récupération d'un cerveau dans une pareille situation" [24].
L'intérêt premier du livre, qui en fait un vrai récit n'ayant rien d'une enquête sociologique, tient à la perspective subjective du narrateur. C'est à partir d'une quête existentielle qui lui est propre, marquée par des propos sur son enfance, sa familles, ses amours, que s'effectue ce parcours à travers le pays. En essayant de comprendre sa fascination pour Einstein, le narrateur en vient à comprendre se rapport problématique à son propre pays et les raisons pour lesquelles le physicien, même s'il n'est devenu citoyen américain qu'à soixante et un ans, à eu une influence profonde sur sa terre d'adoption.
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