L'homme n'est donc pas le couronnement ou l'apothéose d'un processus d'évolution naturelle même s'il a pris place, de manière autoproclamée, sur le trône de la création. Il s'est raconté à lui-même une histoire de singe passé à la perfection. Il a voulu croire que la nature n'a jamais cessé de se reprendre pour atteindre le moment suprême, la "cerise sur le gâteau " de la création, la venue de l'homme. Un conte de fées inventé par l'homme qui masque mal la blessure narcissique que lui inflige la conscience de l'étendue de sa débilité foncière.
Le monde moderne vit donc dans un affrontement entre deux amours bien différents : l'amour de Dieu poussé jusqu'au mépris de soi et l'amour de soi poussé jusqu'au mépris de dieu
Là où, pour nos grands-parents, le monde n'avait guère changé entre leur naissance et leur mort, nous assistons désormais à une accélération sans précédent de l'accumulation des connaissances et des techniques. Nous sommes tous embarqués dans un train à grande vitesse mais dépourvu de signal d'alarme et de freins
Loin d'être bénis des dieux, nous sommes marqués par le manque et l'"avoir-moins" ... L'homme est un néotène, un être mal fait, terriblement incomplet à la naissance