Mourez donc, et cachez dans l'éternelle nuit
Vos voeux incestueux, la honte qui vous suit.
N'attendez point de moi de lâche complaisance,
Je vous vois à regret vivre sans innocence ;
Content qu'un prompt trépas vienne vous dérober
A l'abîme effroyable où vous allez tomber,
Je ne saurais souffrir que vous viviez sans gloire.
Des droits les plus sacrés vous perdez la mémoire;
Votre coeur se nourrit, dans l'horreur de son choix,
Par le mépris des dieux, des hommes et des lois.
Rougissez des excès où sa flamme l'emporte.
Ce n'est point une illusion vaine ;
D'un noir pressentiment la puissance m'entraîne,
Il rappelle à mon coeur tout ce qui s'est passé,
Il lui fait voir le coup dont il est menacé.
Oui, le Ciel met enfin le comble à ma disgrâce :
De mes plus tendres soins Tiridate se lasse,
Il évite ma vue, il fuit mon entretien ;
Quel démon de nos coeurs à brisé le lien ?
Dans quel abîme, hélas ! ma tendresse me guide,
S'il est vrai que mes pleurs coulent pour un perfide !
Mitrane
Achevez.
Déclarez un secret que vous me réservez.
Tiridate
Ah! que plutôt des dieux le pouvoir redoutable,
Pour dérober à tous ce secret effroyable,
Obscurcisse à jamais ce soleil qui nous luit,
Et couvre l'univers d'une éternelle nuit.
Je n'ai point de secret pour vous, sachez donc que je suis amoureux.
l'Amante, amant, II, 2
On se laisse séduire à l'apparence jusqu'à condamner la plus pure innocence.
Le jaloux désabusé, II, 3 (1709)
Le véritable amour abhorre l'injustice.
Le jaloux désabusé, III, 6 (1709)