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Citation de Erveine


Dès que le sang (des autres) coule, c’est une aubaine. L’homme devient enfin mouche. Il s’agglutine autour de la flaque. Il s’agglomère. Il vient en vol épais. Il change de trottoir, descend de son appartement en pantoufles, robe de chambre, pyjama, se précipite, court, arrive à toute vitesse, tel qu’il est. Enfin, ses narines aspirent autre chose que de l’air pur et simple ; enfin, ses yeux voient. Il ne se précipiterait certes pas pour voir un saule ou un poisson. Il viendrait, car il est bien obligé de faire flèche de tout bois, et tout le tente (malgré la longue expérience héréditaire ; malgré la certitude qu’il a de ne jamais rencontrer de compagnon), mais il viendrait à pas comptés. Il n’aurait pas, devant le saule ou le poisson, ou l’admirable moutonnement des collines dorées, ou la fantasmagorie des nuages, cet élargissement des narines, cet œil rond, cette satisfaction de tous les sens, ce soin de l’esprit, cet espoir qu’il a devant le sang répandu. Il n’échappe pas à la solitude, puisqu'on ne peut pas y échapper. Ce n’est pas ce qu’il espère, mais il prend un plaisir solitaire, enfin ! Il constate, il touche du doigt qu'il peut être heureux quoique solitaire... (Le sang p. 13)
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