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Citation de Charybde2


Qu’était-ce donc, ce Boche qui nous était tombé du ciel ? L’Allemand avait raconté la chute du zeppelin, cette grande chose pleine d’air, au ventre déchiré, poussée depuis des heures vers le sud, par un vent léger. L’atterrissage brutal, dans les arbres, avait été suivi de l’embrasement. Les flammes avaient épargné l’Allemand, projeté au loin dans un fourré. Il n’avait même pas une contusion. La langue de feu avait happé son équipage et l’avait passé au chalumeau. Il n’y avait pas de survivants. « Soyez assuré, baron, que vos hommes seront ensevelis avec les honneurs de la guerre, les formalités achevées, et que je ferai tout pour que vous puissiez assister aux obsèques. » Tout en fumant les deux officiers se dévisageaient sans animosité. Je ne pouvais alors comprendre ce qui se passait entre eux. Je dirais aujourd’hui, avec les mots que depuis la vie m’a donnés, que la complicité les unissait. Et s’il y avait complicité c’est parce qu’ils avaient partagé la même existence, que des choses les avaient unis au-delà des distances et des frontières. Quelque chose qu’il m’était alors impossible de comprendre : des femmes, les mêmes, des palaces doux et chauds qui scintillent comme de grands paquebots illuminés dans la nuit ingrate des villes, des cigares et des alcools aux odeurs lourdes et épicées, des distractions grisantes, des livres, des tableaux, des animaux… (« Une journée de printemps à Urbigny-sur-Larve »)
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