L'âne et le quincaillier par Jean-Louis le Craver
Mais ce coup-là,
quand il a eu pété son gros pet,
il n'avait rien cassé du tout.
- Bon.
Je vais en faire un plus gros,
il a dit, hiiiiin....
Mais là encore, il n'a rien cassé du tout.
Un gros caca, c'est tout ce qu'il a fait.
Alors la bonne femme est allée
trouver le ruisseau, et elle a dit :
- Ruisseau, écoute-moi : il faut éteindre le petit feu, parce que le petit
feu veut pas brûler le bâton ; le bâton veut pas taper le petit chien ;
le petit chien veut pas mordre le petit cochon... et le petit cochon,
têtu comme il est, il veut pas rentrer.
Mais le ruisseau a répondu :
- Le petit feu, il m'a rien fait ;
moi, je lui ferai...
rien !
et là, le petit cochon, des glands, il en mangé,
il en a mangé... autant comme autant !
Aussi, quand son ventre a été si gros
qu'il a commencé à traîner par terre,
la bonne femme a dit :
- Petit cochon, ça suffit comme ça !
Rentre à la maison, dépêche-toi.
Mais le petit cochon voulait pas rentrer.
Et voilà qu'un jour,
la toute petite,
petite bonne femme
dit à sa toute petite,
petite poule :
- Ah ! ma cocotte,
si tu m'as pondu un tout petit, petit œuf,
eh bien moi, je vais me faire
une toute petite, petite omelette.
Mais voilà
qu'une mouche,
tzzz !...
est venue se poser
sur le bord
de la toute petite,
petite fenêtre,
a mangé la toute
petite, petite omelette
et puis
s'est envolée.
et sous ce pont de bois vivait un troll.
LE PLUS HORRIBLE DES TROLLS !
Des gros yeux ronds comme des boutons, le nez long comme un bâton, ce troll était aussi ventru ! et ceux qui passaient sur le pont, il les mangeait TOUT CRUS.
Monsieur le commissaire de police
n'avait rien à dire ; mais il a dû mettre un gros,
gros pansement sur son nez,
pour cacher la grosse, grosse marque rouge
laissée par le gros, gros bâton
de la toute petite, petite bonne femme.
- Écoutez madame,
cette mouche, moi, je ne veux pas l'arrêter,
je ne veux pas la mettre en prison,
mais quand vous la verrez,
vous lui donnerez de ma part
un bon coup de bâton.
[lui dit Monsieur le commissaire]
Seulement voilà : pour arriver là, ils devaient franchir un torrent, pour franchir ce torrent, passer un pont de bois... et sous ce pont de bois vivait un troll.
Le plus horrible des trolls !
Des gros yeux ronds comme des boutons, le nez long comme un bâton, ce troll était aussi ventru ! et ceux qui passaient sur le pont, il les mangeait tout crus.
Mais le petit chien a dit :
- Oulala ! moi, plutôt que d'être battu,
je préfère mordre le petit cochon !
Mais le petit cochon a dit :
- Oulala ! eh ben moi,
têtu comme je suis,
plutôt que d'être mordu,
je préfère rentrer à la maison.