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Citation de fklevesque


Alain était essoufflé . Il avait les larmes aux yeux . Il revivait son aventure . Il gesticulait , et sa femme et moi , nous le regardions avec de l’angoisse dans nos cœurs . On voyait qu’il souffrait à l’évocation de ce souvenir . Cela faisait partie d’une déchirure immense , une plaie qu’il n’arrivait pas à refermer . Je n’aurais pas dû le lancer sur ce terrain - là . Mais aussi , peut - être , raconter ces souvenirs l’aiderait à faire enfin le deuil , cinquante ans après , de tous ces évènements .

Au bout d’un grand moment , notre navire a bougé . Il s’est détaché du quai , et j’ai vu le rivage qui s’éloignait . J’avais parfaitement conscience que je ne reverrais plus ce pays que j’aimais tant . Alors , doucement au début , puis de plus en plus fort , un chant est monté des passagers . Au milieu de nos larmes et de nos sanglots les paroles de la Marseillaise ont noyé les hoquets de douleur qui nous secouaient . Le soleil dardait ses feux cuisants sur nos épaules , la mer bleue France ballotait la crête écumeuse de ses vagues qui partaient à l’assaut des côtes de l’Algérie . Sur les collines , des dizaines d’arabes nous faisaient de grands signes . Ce n’étaient pas des signes hostiles , je crois bien qu’ils pleuraient aussi .
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