Le type qui les a amenés là depuis un bled paumé dans le désert, à bord d'un engin foutraque et bricolé, les a déposés non loin des restes d'un échangeur autoroutier où est installé un campement à moitié troglodyte, à l'abri précaire des ponts et tunnels effondrés. La route passe en plein milieu. Alentour s'étend une morne plaine, stérile et vide, parsemée de vestiges d'un peuplement jadis plus dense : squelettes d'usines, bâtisses en ruine, traces de jardins. Des reliques de la guerre, aussi : cratères de bombes, tas de décombres, pans de murs calcinés. Juste avant l'échangeur, la route franchit une petite ravine où pousse une végétation chétive, abreuvée par un mince filet d'eau sinuant entre les pierres. D'où le campement, établi à côté de cette ressource aussi précieuse que volatile.