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Citation de ProseS


JM Savoye :
"L'analyse est à la fois une aventure humaine, intime, solitaire et à bien des égards risquée. Je crois que ces petits signes, cette façon de vous accueillir ou de vous raccompagner sont tout sauf anodins. Ils fixent le cadre, le ton, la couleur de ce qu'il faut bien appeler une cure. Ils participent à l'élaboration de la relation qui s'établit entre patient et analyste au fil du temps et qui va jouer un rôle crucial dans la thérapie, sans même parler de transfert ou de contre-transfert. C'est aussi ce qui va rendre cette aventure "douce". Car enfin, ce n'est pas parce que la traversée est parfois rude, violente, voire profondément triste, qu'il faut qu'en plus elle soit désagréable. La bienveillance de l'analyste, osons le mot, son humanité, est primordiale. Que le patient soit pris en compte avec générosité -car c'est de cela aussi qu'on parle- va rendre sa démarche supportable, parfois même joyeuse, ce qui n'est pas sans effet sur sa vie quotidienne et dans sa relation aux autres. Car enfin l'analyse, ce n'est ni un traitement avec des pilules, ni une suite de séances ponctuelles de quarante-cinq minutes. L'analyse est une démarche totalitaire, qui empiète sur tout, tout le temps. Qui règne sur la réalité comme sur les rêves. Qui interpelle le présent, le passé et le futur. Qui questionne l'amitié, l'amour et le sexe. Qui touche au travail, au pouvoir et à l'argent. Il y a intérêt que l'analyste tienne bon, surveille le cap d'une traversée qui n'est pas la sienne mais dans laquelle il est embarqué".

"Ecrire, c'est commencer à faire face. C'est le premier mouvement, la première réaction, le premier souffle. C'est le moment où seul avec soi-même, la page blanche en miroir, on reprend le dessus. On peut effacer, revenir en arrière, analyser, remettre en question. On peut se tromper, bien sûr, mais ni mentir ni tricher. Ecrire, c'est un moment de vérité infalsifiable. Peut-être est-ce le seul. Comme le filigrane de l'existence. En ce qu'elle est une entreprise de vérité, l’écriture (même romanesque) est siamoise de l'analyse. Les mots que l'on écrit ne sont pas différents de ceux que l'on dit en séance. Il y a une différence de rythme, de phrasé peut-être. Surtout il n'y a pas l'analyste. Et le papier, c'est sa force et sa faiblesse, demeure muet. Pas de transfert, mais une liberté infinie, au risque de se perdre".

"Si au fil des séances, subrepticement, Fédida avait pris une place proche de celle du père, je crois que j'ai assez rapidement investi Grimbert d'une image fraternelle. A vue d’œil il devait avoir une petite dizaine d'années de plus que moi, ce qui collait avec l'âge de mes frères. ---- et puis Grimbert écrivait."

Ph Grimbert :
"Vous voici donc à ma porte. Le tintement de sonnette qui annonce l’arrivée d’un nouvel analysant donne le coup d’envoi d’une aventure qui engage les deux partenaires. Du côté de celui qu’on a coutume d’appeler le patient, attente et inquiétude sont au rendez-vous, à la mesure des changements espérés ; du côté de l’analyste, la tension n’est pas moindre, derrière la professionnelle et tranquille poignée de main. Savoir que l’on va devenir le dépositaire d’une histoire, endosser le rôle de celui qui, durant quelques années, deviendra l’interlocuteur de référence, auquel on confiera sa part la plus secrète, implique chez le praticien détermination et capacité à « tenir la route ».
« De l’analyse, vous attendiez une libération : mettre fin à vos empêchements, qui incluaient celui d’écrire. Mais si elle a rempli cette fonction, il n’en reste pas moins vrai que, tout comme l’analyste, l’écrivain ne s’autorise que de lui-même, pour paraphraser encore une fois la formule de Lacan ».
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