Bande-annonce Comme Un Fils avec Tomer Sisley TF1
Une poupée sort de la salle de bains. C’est une poupée brune au teint mat, les yeux en amande, un petit nez retroussé, tout parfait. Elle a les joues roses, comme si elle venait de courir, des cils qui papillonnent, et des lèvres en bouton de rose. Cette fille, c’est un jardin. Cette fille n’est pas celle qui m’a quitté il y a trois jours. Je ne la connais pas. Je ne l’ai jamais vue.
Moi, Jean-Marie, j’ai deux fils. Le premier est né deux ans avant que je rencontre sa mère. Il m’a adopté, il m’appelle papa, ça me rend fier. Le second est arrivé quelques semaines avant que je plonge pour une série de faits et de méfaits divers et variés. J’ai eu le temps de prendre sa tête dans ma main, elle était grosse comme une orange, duveteuse comme une pêche. J’ai glissé un doigt entre les siens, il s’y est agrippé ; je l’ai bercé, changé, nourri, embrassé. Je ne l’ai pas élevé : j’étais enfermé. Il est devenu un homme sans père et, depuis quinze ans, il aime mieux se passer complètement de moi. Je le regrette : on ne se connaît pas.
J’ai deux fils qui s’aiment comme des frères. Ils se téléphonent, ils se donnent des nouvelles. Je suis heureux qu’ils existent et que cet amour les unisse.
Nous avons tous deux une histoire peu commune faite de grandes joies, mais aussi de durs et longs moments de solitude. De peur. De claques. De brimades. D’attente. Quand nous la racontons, même par bribes, même pas très clairement, les gens qui nous écoutent hallucinent. Ils se croient dans un film de gangsters des années 1970. Dans le rôle du braqueur, Jean-Marie, ils imaginent Belmondo, tac tac badaboum, une pirouette par-dessus la rambarde de l’escalier, un petit coucou à la caissière, il saute dans la bagnole et disparaît comme par enchantement. Dans le rôle du fils, Ludovic, ils voient une petite gueule toute mignonne, comme dans les pubs, avec des yeux ronds comme des billes qui semblent toujours demander pourquoi.
C’est sûr : il reste des questions en suspens…
Pourquoi une femme a-t-elle abandonné son enfant à un homme qu’elle connaissait à peine ?
Pourquoi cet homme a-t-il choisi de s’occuper de lui ?
Pourquoi cette femme a-t-elle repris l’enfant, après, alors qu’elle n’en voulait toujours pas ?
Pourquoi tant d’amour, et pourquoi tant de gâchis ?