À Mme Cafoin, j'apporte le journal bihebdomadaire La Presse cherbourgeoise, qu'elle continue d'appeler de son nom d'avant-guerre : Le Réveil. Tous les mercredis et samedis, je devrai donc venir jusqu'ici. Dans ce coin isolé, où personne ne lui rend visite, elle souffre de grande solitude. Elle parle, questionne pour me retenir le plus longtemps possible.L'important retard accumulé depuis ce matin m'oblige à la quitter précipitamment. Désolée, elle me regarde partir en levant les bras au ciel. J'éprouve un sentiment de lâcheté et me promets de lui accorder plus de temps samedi prochain. On ne m'en avait pas prévenu : le métier de facteur est tout autant une affaire de relations