Vatican II et la liturgie .
Première des trois grandes soirées consacrées au Concile Vatican II organisées par la librairie La Procure et La Vie.Avec le père Jean-Noël Bezançon, le père Michel Gitton et Grégory Solari.Rencontre animée par Jean-Pierre Denis et François Maillot.http://www.laprocure.com/informations/concile-vatican-ii.html
Nous le savons bien, les mots ne sont pas tout. Il arrive qu'ils manquent, ou qu'ils trompent. Il y a des silences plus parlants encore. Et il y a, dans le silence, des regards qui sont dialogue et communion. Interrogeant un homme qui se tenait immobile et silencieux au fond de son église, le curé d'Ars l'entendit répondre : « Je l'avise, et il m'avise. » La prière est d'abord cet échange de regards.
Pourquoi faudrait-il déguiser notre langage pour nous approcher de Dieu ? Au contraire, toute la Bible l'atteste, Dieu a pris la peine de se dire avec les mots de tous les jours, parce que c'est dans notre vie de tous les jours qu'il tient à nous rencontrer. Les mots apparemment les plus religieux de la Bible, les titres qu'on donne le plus souvent à Dieu, les verbes qui évoquent habituellement son action, son rôle, ses interventions, sont tous empruntés à la vie des hommes. Pour la bonne raison que l'homme, habituellement, n'a pas d'autres mots que ceux qu'il s'est forgés pour vivre.
Tout l’évangile de Jean est construit sur cette révélation inouïe : c’est justement parce que le Fils, la Parole de Dieu, le Verbe s’est fait « chair », existence humaine, que nous savons enfin qui est Dieu. Et c’est précisément parce qu’il est le Verbe, la Parole de Dieu en personne, que toute la vie de Jésus est parlante.
Parce que « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1, 14), la chair, l’existence humaine, devient parole. Elle parvient enfin à ce pour quoi elle était faite depuis toujours : dire Dieu.
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Il faudrait supprimer tous les mots qui « ne nous disent rien » parce qu’ils n’ont aucun usage dans les autres registres de notre vie, tous les mots compliqués, faussement techniques, qui semblent n’avoir pas d’autre but que de maintenir Dieu à distance.
Alors précisément que la joyeuse nouvelle dont nous sommes les témoins c’est que Dieu ne supporte plus a moindre distance.
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Dieu ne nous regarde pas de haut. Ce que nous traduisons maladroitement par sa « pitié » n’est pas condescendance.
C’est la transposition d’un mot hébreu de la première alliance, qui évoque de façon beaucoup plus réaliste l’émotion viscérale d’une mère : les entrailles maternelles de Dieu notre Père sont bouleversées devant nos fragilités, nos dérobades et nos refus d’aimer.
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Conformément à l’idée qu’on se faisait de Dieu, on attendait un messie plus extraordinaire. Jésus, on le connaissait trop. Il était trop proche, trop semblable au commun des mortels : « Nous savons d’où il est, disent les gens autour de lui, tandis que, lorsque viendra le Christ, nul ne saura d’où il est » (Jn 7, 27).
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C’est nous qui, trop souvent, dans la famille ou dans l’Église, concevons et vivons ainsi, de façon étrange, l’obéissance comme une soumission.
Selon l’étymologie, obéir (ob-audire en latin, up-akouo en grec) c’est écouter : Jésus, lui, est toujours à l’écoute du Père.
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Les chrétiens savent depuis longtemps que Jésus ressemble à Dieu, « il est l’image du Dieu invisible » (Col 1, 15).
Mais en ont-ils suffisamment tiré la conséquence que Dieu ressemble à Jésus ?
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Il n’y a donc pas concurrence mais convergence entre l’effort de l’homme et l’action de Dieu, lorsque l’homme se laisse informer, animer, sanctifier par l’Esprit de sainteté, l’Esprit de Dieu
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Prier c’est alors nous laisser regarder par Dieu avec tout ce qui nous réjouit et tout ce qui nous fait mal, avec nos enthousiasmes, mais aussi avec les boulets que nous traînons…
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