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Citation de martineden74


le contresens le plus grave porte sur la signification historique de l’événement. En 496 (ou 498), la Gaule était officiellement chrétienne depuis un siècle déjà. Comme nous l’avons vu à la fin du chapitre précédent, le christianisme, modeste hérésie juive en ses débuts, se répandit en effet rapidement, malgré quelques persécutions, dans une bonne partie des élites urbaines de l’Empire romain, avant d’être imposé par l’empereur Théodose en 380 comme seule religion. C’est que cette idée nouvelle d’un dieu unique correspondait tout à fait à celle d’un empire possiblement universel. Le plus ancien monothéisme connu est celui de la religion d’Aton en Égypte au XIVe siècle avant notre ère, au moment où cet empire atteignait sa plus grande extension. Et il fut suivi par le zoroastrisme de l’Empire perse, le plus grand empire de l’Antiquité, dont on admet l’influence sur le judaïsme, pendant la captivité des élites juives à Babylone.

Certes des formes de cultes polythéistes traditionnels persistèrent encore plusieurs siècles dans les campagnes romaines, comme le montre l’archéologie : on continua comme auparavant à déposer des objets dans les tombes, une coutume bien païenne. Il fallut attendre le VIIe siècle au moins pour que les pratiques changent peu à peu, tandis que des missionnaires, tels ceux venus d’Irlande, s’acharnaient à répandre la nouvelle foi dans le monde rural, en composant cependant avec les croyances locales : le culte des saints ou celui des reliques sont autant de pratiques païennes qui rendaient le christianisme plus aisé à assimiler, tandis que l’on christianisait les divinités et les lieux de culte traditionnels. Dans les villes en revanche, le réseau des évêques, issus dans leur majorité de l’aristocratie sénatoriale gallo-romaine, formait un pouvoir fort et stable, avec lequel les autorités temporelles devaient s’entendre.

Ainsi, la conversion de Clovis n’avait rien d’une rencontre mystique, voire d’un geste d’amour envers Clotilde : c’était le geste éminemment politique, sinon opportuniste, d’un chef de guerre (par ailleurs polygame) soucieux d’assimilation au sein d’un empire très prestigieux, et désireux de mieux asseoir son pouvoir sur ses nouveaux sujets, tout en bénéficiant de l’appui de la hiérarchie ecclésiastique en place. Le prince Vladimir, souverain de la Russie de Kiev, ne ferait pas autrement par sa conversion en l’an 988, tout comme, à la même époque, le roi de Pologne Mieszko Ier en 966.
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