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Citation de babaude


Fidèle à la méthode rationaliste d'analyse, Humboldt montre sa perplexité devant les «accidents» du développement du monde physique et de l'histoire humaine.
Il n'est point question, dans cet essai sur la physique du monde [Cosmos], de réduire l'ensemble des phénomènes sensibles à un petit nombre de principes abstraits, ayant leur base dans la seule raison. La physique du monde, telle que j'entreprends de l'exposer, n'a pas la prétention de s'élever aux périlleuses abstractions d'une science purement rationnelle de la nature ; c'est une géographie physique réunie à la description des espaces célestes et des corps qui remplissent ces espaces. Etranger aux profondeurs de la philosophie purement spéculative, mon essai sur le Cosmos est la contemplation de l'univers, fondée sur un empirisme raisonnée c'est-à-dire sur l'ensemble des faits enregistrés par la science, et soumis aux opérations de l'entendement qui compare et combine. C'est dans ces limites seules que l'ouvrage que j'ai osé entreprendre rentre dans la sphère des travaux auxquels a été vouée la longue carrière de ma vie scientifique. Je ne me hasarde pas dans une sphère où je ne saurais me mouvoir avec liberté, quoique d'autres puissent à leur tour s'y essayer avec succès. L'unité que je tâche d'atteindre dans le développement des grands phénomènes de l'univers est celle qu'offrent les compositions historiques. Tout ce qui tient à des individualités accidentelles, à l'essence variable de la réalité, qu'il s'agisse de la forme des êtres et du groupement des corps, ou de la lutte de l'homme contre les éléments et des peuples contre les peuples, ne peut être déduit des idées seules, c'est-à-dire rationnellement construit.
Je crois que la description de l'univers et l'histoire des hommes se trouvent placées au même degré d'empirisme ; mais en soumettant les phénomènes physiques et le événements au travail de la pensée, et en remontant par le raisonnement aux causes, on se pénètre de plus en plus de cette antique croyance, que les forces inhérentes à la matière et celles gui régissent le monde moral exercent leur action sous l'empire d'une nécessité primordiale, et selon des mouvements qui se renouvellent périodiquement, bien qu'à des intervalles inégaux. C'est cette nécessité des choses, cet enchaînement occulte, mais permanent, ce retour périodique dans le développement progressif des formes, des phénomènes et des événements, qui constituent la nature obéissant à une première impulsion donnée. La physique, comme l'indique son nom même, se borne à expliquer les phénomènes du monde matériel par les propriétés de la matière. Le dernier but des sciences expérimentales est donc de remonter à l'existence des lois, et de les généraliser progressivement. Tout ce qui va au-delà n'est pas du domaine de la physique du monde, et appartient à un genre de spéculations plus élevées.
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