...Je suis alors tombé sur la grande tente multicolore.
Elle était dressée dans un espace découvert et je me souviens que l'on sentait les odeurs d'une fabrique voisine de vodka. La tente était rectangulaire.(...).A gauche était les hommes. A droite, leur faisant face, les femmes. Au centre, devant l'entrée, un orchestre de musique traditionnelle.. Ils m'ont fait signe d'approcher et m'ont invité à entrer. Ils étaient joyeux en s'adressant à moi et la sincérité de leurs invitations ne permettait pas de passer son chemin. Les lieux au monde où des gens qui ne vous connaissent pas veulent vous faire partager leur joie, il ne faut pas dédaigner. Les voyageurs le savent. Ils se raréfient ces moments où l'on met à la place d'honneur l'invité que le hasard a conduit là.
La langue de bois des promoteurs, "aménageurs du site", et défenseurs de sa rentabilisation donne lieu à des morceaux de choix du langage 'politiquement correct' : un représentant de l'Etat explique qu'il ne faut pas dire "boutique de souvenirs" mais "comptoir du patrimoine".
Ecrivant ces lignes à Bordeaux, déférons à l'usage de citer Montaigne : " Je respons ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sçay bien ce que je fuis, mais non pas ce que je cherche. "