Il faut attendre que la nuit commence à pâlir pour que le tumulte s’essouffle. Nul silence, pourtant ; la petite brise crue qui court aux avant-gardes du jour apporte toujours, par bouffées capricieuses, quelques paroles d’une étonnante netteté, le grincement d’un charroi, le gros éclat de rire d’une bande d’ivrognes. Gagné par le calme relatif qui retombe sur les bas quartiers, on est tenté de fermer les yeux, de sombrer enfin dans un sommeil de brute. L’erreur pourrait être fatale. On touche aux rivages du matin ; dans ces hauts-fonds, combien de guerriers sont morts, surpris par la perfidie de l’ennemi ! (p. 158.)