En venant ici, pourtant, j'espérais quitter à jamais le versant dérisoire de l'attente. Cette façon de tendre l'oreille et de retenir son souffle : l'essentiel de la vie depuis tant d'années. A l'île où je n'attends rien de personne, je passe des journées à guetter les bruits de pas dans le jardin du Grand Monarque, ma maison. Je pensais qu'au phare l'attente prendrait une autre forme. Si quelque chose doit surgir, ce ne peut être que du fond de moi. Et voilà que je guette encore, comme si on allait frapper à la porte. Au fond, rien ne bouge. Il ne se passera rien.
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