Le sujet individuel, pendant longtemps considéré comme un assujetti à l'ordre dominant, devient dans notre environnement actuel, avec toute l'ambigüité que cela représente, un acteur doué d'intentions ; l'acteur avec sa capacité d'initiative et son potentiel de décision entend ainsi se substituer à l'assisté, figure-tabou et pourtant bien réelle que l'on cherche désormais à occulter sans toutefois pouvoir l'effacer.
Cette quasi-nécessité du projet semble donc dépasser la volonté de ces acteurs et renvoie à un environnement qui les suscite et de ce fait favorise l'émergence de ce que l'on pourrait appeler des cultures de projet.
Dans des contextes culturels autres, nous pouvions nous contenter pour agir de l'opacité de nos désirs ; ces derniers dans la brume qu'ils dégageaient suffisaient à nous orienter ; nous n'avions pas à répondre alors à l'injonction de devoir dessiner un mouton ; ainsi, ces désirs n'en restaient bien souvent qu'à l'état insolite de desseins.
Si actuellement les individus se font marginaliser ou exclure, ce n'est pas d'abord par une carence de leurs représentations, c'est bien plutôt par une incapacité à se situer momentanément comme acteurs soit pour des raisons tenant à leur trajet, soit pour des motifs situationnels défavorables.
Les travaux de J.Nuttin, qui fait du projet l'une des composantes essentielles de la motivation.
Le projet en tant que figure de l'anticipation est une caractéristique spécifiquement humaine, car l'animal se montre incapable d'anticiper, au moins à moyen et à long terme.
Cette préoccupation a trait à l'effort perpétuellement recommencé par les individus et les institutions pour échapper à la fatalité en conférant un sens à leurs entreprises.
L'improvisation doit désormais faire place à une préparation méthodique concrétisée dans un travail de conception.