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Citation de Tricia12


Je ne revis pas Agrippina le lendemain ni le surlendemain. Je me désespérais lorsque sa mère me tendit une embuscade sur le chemin de l'embarcadère. Alliant la ruse et la férocité, elle me tomba dessus avec la soudaineté violente des troupes d'Hannibal sur les légions de Flaminius au bord du lac Trasimène. Avant que j'aie le temps de me reprendre, elle m'asséna une paire de gifles, un aller-retour de la même main qui témoignait d'une longue expérience dans l'art de la beigne. J'esquissai vainement un geste de révolte mais déjà, ayant reculé d'un pas, elle tendait vers moi son poing noueux où je distinguais sur les phalanges les traces indélébiles d'années de vaisselles et de lessives au lavoir municipal. Autrefois jolie, il restait des traces de sa vénusté éteinte dans l'harmonie persistante des lignes de son visage dégradé et de sa taille toujours étroite nonobstant ses couches à répétition. De même avait-elle conservé une belle voix quand elle voulait chanter. Mais c'était tout, puisque passé quarante ans, son corps s'était courbé sous la dure loi des pauvresses du Mezzogiorno, condamnées, faute de coûteux palliatifs, à l'enlaidissement.
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