AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de araucaria


Premier été; la fleur au fusil... La guerre de mouvement serait courte; l'empereur Guillaume II y laisserait forcément ses moustaches... La propagande battait son plein, mais beaucoup d'hommes ordinaires ne s'y laissaient pas prendre et ne comprirent pas très bien ce qui leur arrivait lorsqu'ils quittèrent soudainement et dans l'angoisse leur famille et leur emploi. Ils n'avaient pas abandonné les bancs de l'école depuis si longtemps, ces quatre millions de Français mobilisés de la première heure : conscrits de fraîche date, réservistes et rappelés plus âgés qui s'en allaient vêtus de leur pantalon rouge et de leur manteau bleu, la tête rasée, sans casque, à travers les champs remplis de coquelicots et de bleuets, comme pour des grandes manoeuvres estivales, que seules les longues marches forcées et la lourdeur du barda pourraient différencier des exercices du temps de paix. Les paysans étaient soucieux : qui moissonnerait? Qui finirait de rentrer la paille? Qui labourerait? Qui vendangerait?
La moisson serait meurtrière et la vendange sanglante; beaucoup ne survivraient pas à ce premier été: ils tomberaient sous les balles des mitrailleuses ennemies; ils finiraient crucifiés dans le piège carnivore des fils de fer barbelés; ils seraient pulvérisés par des tapis d'obus. Ils seraient les premières victimes de la guerre, mais aussi celles des erreurs d'une hiérarchie militaire incompétente qui brillait encore par le culte du sabre et de la baïonnette, et par le mépris de l'artillerie lourde. Et ils tomberaient à l'époque de la rentrée des classes, comme Charles Péguy, comme Alain-Fournier et comme tant d'autres.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (3)voir plus




{* *}