Et puis il y avait l’eau, ces immenses réservoirs que la Transtaïga longeait sur des dizaines et des dizaines de kilomètres, chacun d’eux alimentant une centrale ou une autre. Elle réfléchit un moment à propos du mot « réservoir », qui désigne un lieu ou bassin où on conserve un liquide. L’utilisation de ce terme lui semblait pour le moins faire preuve de réserve. En réalité, ces réservoirs avaient pour origine une inondation provoquée par l’humain, une inondation à l’échelle surhumaine : des milliers de kilomètres carrés de forêts englouties, le résultat de la dérivation de rivières et de la construction de digues et de barrages. Le mot « tsunami » lui paraissait plus approprié pour souligner cette dévastation, à tout le moins au sens figuré.