La curiosité mêlée d’inquiétude que j’avais éprouvée lors de mon premier passage avait cédé la place à une exacerbation des sens. Je contemplais les oranges, les noirs, et les blancs peints par les contre-jours au fond du cirque d’Anéou, le grand dièdre obscur d'une face dont j'ignore le nom. Sa marque sombre, au fur et à mesure qu’elle se dressait vers la crête, perdait sa profondeur, jusqu’à devenir imperceptible au contact du ciel. La lumière, à cette lisière, se mettait à exister pour elle-même, jouant avec mon regard en une succession de halos, de vagues et de rayons. Ébloui, je fermai longuement les yeux, épiant sur mes paupières la silhouette saccadée des sierras espagnoles.