Toutefois, outre la mission de rétablir sur son trône un roi prisonnier, le duc d'Angoulême en avait une autre, celle de faire oublier Waterloo et réussir là où Napoléon avait échoué. L'occasion était donnée à la maison des Bourbons d'éprouver son armée par un baptême du feu, seul moyen probant et nécessaire pour s'affirmer au regard de l'Europe. Pour en assurer la bonne marche, les chefs de corps et généraux de division furent choisis, pour la plupart, parmi les anciens qui avaient servi dans les armées de Napoléon Ier. Cependant, l'état d'esprit de la population n'était pas le même qu'en 1808. L'armée française qui allait pénétrer sur le territoire espagnol venait en ami, à la demande de son roi pour qu'il retrouve ses pouvoirs de monarque absolu. Il ne s'agissait plus d'une guerre d'indépendance où le patriotisme l'emporte sur l'idéologie, mais d'une lutte intérieure entre les partisans d'un roi despotique et les partisans d'une constitution libérale qui faisait peur aux pays de la Sainte-Alliance. Le peuple, indécis, soumis à l'influence d'une partie du Clergé et à celle de l'Inquisition, ne trouva pas les élans qu'il avait eus pour s'opposer aux armées de Napoléon et, à tort ou à raison, il s'ouvrit à celles de Louis XVIII. Pour l'armée du duc d'Angoulême, les dangers que comporte une guerre d'intervention allaient donc se trouver réduits à des combats offrant peu de résistance.