Nous échangions ainsi nos caresses et nos chagrins, le mien venant d'elle, le sien ne venant pas de moi. Il arrivait à nos baisers de s'égarer sur nos lèvres, sur nos corps. Elle sortait de son rêve. Elle rentrait dans la vie. Elle s'animait peu à peu. Le bonheur s'emparait de moi. Rien ne ressemblait plus à la passion que ces instants où les larmes le cédaient au plaisir. Tout à coup, un sentiment nouveau me prenait dans ses filets, me roulait dans ses vagues : je me demandais si l'amour qu'il s'agissait d'oublier ne ressemblait pas assez fort à l'amour qui essayait - peut-être en vain ? - de le faire oublier.
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