Que le temps soit de l’esprit crève les yeux même des aveugles. L’espace tu le vois, tu le mesure, tu peux le toucher sous forme de terre ou d’eau, tu le traverses dans tous les sens, tu vas, tu viens, tu reviens sur tes pas, tu le parcours et il est là. Même s’il ne cesse de s’accroître et de se dilater, il a quelque chose de rassurant. C’est un terrien avec de la glèbe à ses souliers. Il est bon garçon, il inspire la confiance. On s’en ferait volontiers un ami. La preuve : vous voyagez.
Le temps, lui, personne ne c’est qui c’est. Il n’a ni taille, ni forme, ni odeur, ni saveur. Il est dissimulé et secret. Aussi présent que l’espace, il n’est pourtant jamais là. Il est toujours ailleurs. Il a quelque chose d’un voyou. Comme la pensée et l’esprit, il est subtil et inquiétant.