AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de HoneyMoony


Comme sens de la beauté, le père Rudel ne connaissait guère que le contentement de voir des champs prospères, bien tenus, et des arbres bien conduits. Tout le reste était sans valeur émotive. Sa grande maison, les Boisfrancs, il ne l'appréciait qu'en vue de sa commodité et de ses espaces. Pour loger du monde et des bêtes. Des belles choses qu'il en avait héritées de famille, il ne considérait que l'origine : des merveilles tranchaient ainsi au milieu d'éléments sordides mais pratiques. Les antiquaires ne s'y risquaient plus. Le dernier qui s'était introduit aux Boisfrancs avec quelque impertinence, avait été reconduit à coups de pied dans le cul. Ces marchands voulaient-ils faire, eux aussi, l'inventaire de sa maison ?

Il aimait la campagne d'une tendresse à la fois mystique et matérielle, cultures, forêts, étangs. En grande part, la beauté de cette terre lui était due. Depuis son retour d'Italie, il vivait pour elle. Son père lui avait fait régir la propriété à moins de trente ans, et, plusieurs fois avant son mariage, il était revenu de Rome pour la surveiller. Il voulut tout de suite replanter, car la Révolution avait rageusement abattu, et maintenant, les arbres, après un demi-siècle, prenaient de l'altitude. Hyacinthe Rudel réserva cependant des bruyères et des landes qu'il ne put se résoudre à défricher, qui parlaient sourdement à son âme sauvage. Il avait drainé, réuni les eaux marécageuses dans de beaux étangs nets. L'usage, dans ces contrées, est d'ébrancher les arbres tous les dix ans pour fournir le fagot, et les chênes deviennent de laides chenilles contournées. Mais le Maître avait interdit de toucher aux têtes, et la physionomie générale était devenue plus riche, plus épanouie.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}