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Citation de SZRAMOWO



La maison était équivoque et pimpante.
Plantée au fond d’une avenue déserte, elle dressait trois étages de briques vermeilles où s’entre-bâillaient des persiennes vertes, toujours mi-closes. La façade se décorait, à la manière des habitations méridionales, de bas-reliefs mythologiques : Amour et Vénus de plâtre peinturé, aux couleurs pâlies par la morsure du soleil.
Et, silencieuse, isolée, jolie, riante, — avec ses volets presque fermés qui semblaient, entre leurs rainures vertes, laisser filtrer la lueur de quelque espérance louche. — la Maison rose apparaissait étrangement suspecte et charmante.
Les passants se la désignaient d’un clin d’œil malicieux : sans qu’aucun d’eux pût se vanter d’en avoir franchi le seuil, tous soupçonnaient sa destination impudique.
Il en est de certaines demeures comme de certains visages : leur extérieur est une enseigne et un enseignement.
Cependant, malgré ses murs enluminés derrière lesquels s’abritait un murmure clandestin ; malgré les silhouettes entrevues dans l’ombre d’une fenêtre : figures fardées ; profil d’adolescent imberbe ; main robuste, main masculine aux doigts bagués, aux ongles trop vermillonnés, penchée à l’appui de la croisée ; la Maison continuait à intriguer : son ignominie devinée se rehaussait de mystère…
Car, un soir, trois jeunes gens en gaîté s’étaient décidés à entrer là, après un conciliabule hésitant :
— Bah ! on sait bien ce que c’est.
— Pourtant…
— Une concurrence à celle de la rue Neuve.
— Si nous nous trompions ?
— Allons donc !
Le plus hardi avait poussé le vantail entr’ouvert, écarté les effilés d’une portière bruissante, faite, à la mode de Provence, d’une frange de perles de verroterie enfilées.
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