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Citation de armand7000


Ma mère s'arrête devant un étal où sont empilés plein de paniers remplis d’œufs. Le vendeur s'empresse de servir ses clientes impatientes. Il essuie ses mains sur son tablier taché de sang.
Sur le sol s’alignent des dizaines de cages. Derrière les barreaux sont entassés des lapins. Je les observe, ils sont si mignons malgré la peur qu'on peut lire dans leurs pupilles dilatées.
La cliente qui nous précède pointe sont index vers l'un de ces petits prisonniers. Le vendeur ouvre la cage, y enfonce sa main ridée de sécheresse et attrape les oreilles du frêle animal qui ne se débat pas. L'homme continue de parler à sa cliente tandis qu'il saisit fermement les pattes arrière de l'animal d'une main, son cou de l'autre, et que d'un geste rapide il tire sur la pauvre bête.
Il balance ensuite le lapin par terre dans un coin, le temps que ce dernier, la colonne vertébrale brisée, périsse. Puis, comme si de rien n’était, il se penche vers sa cliente et lui demande si, avec ça, elle souhaite aussi des œufs bien frais.
Mes yeux d'enfants, telles deux billes qui sortent de leur orbite, vont se coller sur ce petit être qui gesticule de douleur. Son corps tout entier, agité de spasmes, s'est mis à trembler. Aucun son ne sort de sa mâchoire entrouverte. Ses pupilles semblent paralysées par le choc.
Il est là, abandonné sur le sol, injustement puni, simple chair qu'on marchande. Une agoni qui indiffère ces bavardes au portefeuille rempli de prétentions culinaires, comme si la souffrance animal n’était pas véritable, comme si elle n'existait pas.
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