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Citation de Presence


Alors cette enquête chez les avocat.es, on l’a mené avec toute une équipe de recherches. On avait commencé en 2008 par une enquête sur le traitement judiciaire des séparations conjugales dans les tribunaux, en obtenant les autorisations des présidents de cinq d’entre eux. D’où le nom que nous avons choisi pour notre équipe : Ruptures. En 2013, on a écrit aux bâtonniers de différents barreaux qui connaissait notre travail, pour pouvoir aller observer la pratique des avocat.es dans leur cabinet. En amont du tribunal. Ça nous a ouvert des portes : on a réalisé des entretiens avec une cinquantaine d’avocats. Quatorze ont accepté qu’on les observe en rendez-vous avec les leurs cient.es. On est retournées au tribunal avec certnain.es. Mais au final, on a été plus d’une cinquantaine pour faire ça. Rencontrer des notaires, c’est une enquête qu’on a menée toutes les deux, grâce aux recommandations de juristes avec qui on travaillait, dans le cadre d’un partenariat avec le Conseil supérieur du notariat. Sinon, ce n’est pas facile d’obtenir des entretiens avec les notaires : ils et elles sont très soucieux-ses du secret professionnel. On a pu en rencontrer dix-sept : treize hommes et quatre femmes, âgée.es de 30 à plus de 60 ans. En entretien, on a réussi à faire parler une quinzaine d’entre elles et eux de leur origine sociale. La moitié a repris une étude familiale, dont six directement par héritage. La quasi-totalité provient de familles d’indépendants : parents et beaux-parents médecins, pharmaciens, restaurateurs et hôteliers, boulangers, agriculteurs, viticulteurs… Et quand les notaires ont des enfants en fin d’études, la question se pose de leur transmettre l’office. Ils et elles exercent dans des études plus ou moins grandes, situées dans des zones géographiques très éloignées. Certains.es nous ont reçues dans de beaux immeubles de quartiers chics de grandes métropoles. On n’était jamais habillées comme il fallait. D’autres travaillaient dans des bâtiments plutôt moches, à côté de parkings de supermarchés. […] Les clientèles sont différentes, bien sûr. Mais pour les notaires, le but est le même : se constituer et fidéliser la bonne clientèle, celle dont le capital économique fera tourner leur étude. Ils peuvent rencontrer leurs futur.es client.es au cours de dîners en ville, pendant des formations à la chambre de commerce, à l’occasion de manifestations sportives, ou dans des clubs réservés aux chefs d’entreprise ou aux professions libérales. Les notaires hommes s’appuient souvent sur une sociabilité d’entre-soi masculin, typique de la bourgeoisie locale. Ils se retrouvent entre possédant qui possèdent un intérêt commun : la préservation de leur richesse dans le temps, et sa transmission familiale. Et ils sont parfois très décomplexés quand il s’agit de favoriser l’héritier masculin dans la transmission du patrimoine professionnel. Je me souviens des propos provocants d’une pointure de la profession.
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