Carol Watts
X
1391 encore des courbures de lumières projectées
torses comme l’entremeslé d’une résille de dame
son regard à elle en déverrouillage est la calme et bleue
base d’une flamme où la sécheresse de mars
transpercée jusqu’à sa racine trouve réduction résidu
la volonté de commencer en bordure pour achever
la fente couture d’une porte réfractée la surface
d’un poisson d’argent se débattant en plus infimes
géométries
que l’œil ne peut contenir convergences
de verre particulaires dans la présence
d’une antinomie son élément à elle bloquant
la vision décelant micas d’attachement pour connaistre
les rivaiges du firmamens quelque chose
d’opiniâtre dans l’illumination dans la matière d’une
absence
// Carol Watts une poète anglaise est née en 1962.
/traduction de l’anglais par Jean-René Lassalle
Bernadette Mayer
Frappez des mains
Je t’écrirai des sonnets jusqu’à ce que tu jaillisses
À la maison après l’école, que la musique de ta grotte
devienne
Une présence stalagmitique, amour je n’ai pas
De cathode à décharge électroniquement régulée qui
émette
des éclairs brefs très rapides et brillants de
lumière, quelles contorsions quels louchements
quant au désordre il est agréable de bien diviser
un sonnet
Donc si un jour tu me baises dans le cul
Par suite de la présence d’une table de bureau près de
la porte
À cause de quelque chanson comme celle de Tom Verlaine
Où il fait ses adieux en gosse de Brooklyn
Parle comme alors à-cause moi Bill t’aime-t-il pour rien pour
savoir
Retourne l’écoute vers le pourquoi sur Bille-moi car je te
saurai je
Dis et suis pour exister je pas hypnotisée mignonne
Bill ne peut-il par surprenant dire Shakespeare moi-même
que
Couplet je t’aime c’est mon penchant
Je veux des virilités & ne devrais-je, femmes venez à moi
// Bernadette Mayer est née à New York en 1945).
/traduction de l’anglais par Jean-René Lassalle
Ted Berrigan
Sonnet LIX
Dans le collage de Joe Brainard sa flèche blanche
ne pointe pas vers William Carlos Williams.
Il n’est pas dedans, l’affamé docteur mort.
Ce qui est dedans sont seize images déchirées
De Marylin Monroe, ses blanches dents re-
blanchies par les mains pulsantes de Joe. « Aujourd’hui
je suis vraiment horriblement troublé car Marylin
Monroe est morte alors suis allé à midi voir une série B
en croquant du popcorn King Kong », a-t-il écrit dans son
Journal. Le cœur noir aux côtés des quinze morceaux
de verre dans le collage de Joe Brainard
détourne les yeux des mots grisaille
Docteur, mais ils expriment « JE T’AIME »
Et le sonnet lui n’est pas mort.
// Ted Berrigan (1934-1983).
/traduction de l’anglais par Jean-René Lassalle