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Citation de Cielvariable


PROVINCE DU HÉNAN, CHINE,
4344 - ANNÉE DU CHIEN
(1646 APR. J.-C.)

Seh, huit ans, glissa son long corps maigre sur l'énorme poutre, loin au-dessus de la table de banquet de Tsangchen, en s'efforçant d'éviter autant que possible de déloger la poussière. La pièce avait beau être sombre, le grand maître remarquerait la moindre particule voletant vers le sol. Oui, il était très fort.
Mais Seh était encore plus fort. Du moment qu'il restait concentré.
Une fois en position, il se déplia entièrement et s'aplatit sur la poutre en bois. Il entreprit de ralentir sa respiration. Son coeur se mit à battre au même rythme que celui d'un reptile en hibernation sous une couche de glace. Et l'attente commença.
Une heure plus tard, le grand maître entra dans la pièce. Il ne dit pas un mot, mais Seh savait parfaitement qui venait d'arriver. Il sentait le puissant chi, ou énergie vitale, émanant de son corps comme la chaleur que dégage le soleil.
Seh ralentit encore davantage sa respiration. Il devait maîtriser les battements de son cœur pour que le chi qui circulait dans son propre corps ne trahisse pas sa présence. Tant qu'il resterait calme, le grand maître ne pourrait pas le détecter. Les maîtres de kung-fu du dragon comme le grand maître et Long, le frère de Seh, possédaient une quantité phénoménale de chi, mais ils n'étaient pas particulièrement doués pour le sentir chez les autres. En revanche, ceux qui, comme Seh, pratiquaient le style du serpent savaient le détecter chez tous les êtres vivants, même en quantité infime.
Quand le grand maître s'avança dans la salle, Seh entendit un deuxième homme s'arrêter sur le seuil. Il inspira longuement, lentement et se concentra sur le visiteur.
Cet homme avait quelque chose d'étrange. Il ne semblait pas posséder de chi du tout. C'était impos­sible ! Tous les êtres vivants en possédaient. Il n'y avait qu'une explication possible : le visiteur du grand maître masquait son chi. Seuls les maîtres de kung-fu du serpent savaient le faire. Et l'unique maître de ce style à rendre visite au grand maître au beau milieu de la nuit, c'était...
La bouche du garçon se tordit dans une grimace oblique. Il se redressa sur la poutre pour jeter un coup d’œil vers l'entrée de la pièce, éclairée par la lune, et ses yeux confirmèrent ce que lui disaient déjà ses tripes. Le visiteur du grand maître était un dénommé Mong, le chef d'un groupe de bandits de la région. Mong voulait dire «python» en cantonais. Au fil des années, Seh avait eu plusieurs confrontations humiliantes avec ce colosse qui pratiquait le kung-fu du serpent, et il n'avait aucune envie de le revoir.
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