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Citation de Aquilon62


Un fourmillement nerveux précéda son arrivée.
Le 3 novembre 1940, des soldats allemands vidèrent 400 caisses déposées l’avant-veille au musée du Jeu de Paume. Elles contenaient des toiles de maîtres par centaines, des sculptures, des meubles, des tapis et tapisseries, des objets précieux qui furent disposés, en un jour et une nuit, dans les espaces du bâtiment. L’accrochage fut rapide, précis, dans une agitation que les musées, en temps normal, ignorent. Au bout d’une centaine d’allers-retours entre l’entrée et l’étage, le mouvement ralentit, s’arrêta, et le silence revint. Jamais exposition n’avait été plus vite mise en place. Jamais le Jeu de Paume n’avait vu une telle profusion de chefs-d’œuvre.
Le matin venu, le maître des lieux passa en revue les salles de son seul œil valide, mains derrière le dos, un sourire satisfait aux lèvres. Le baron von Behr, un nazi de haute taille, sanglé dans un grand uniforme de la Croix-Rouge allemande, n’y connaissait pas grand-chose en art, mais assez pour deviner la qualité de l’ensemble. Pas de doute, son équipe avait bien travaillé.
Puis on attendit.
Enfin, une berline noire fit crisser le gravier devant l’entrée. Un ordre claqua, les sentinelles armées se figèrent au garde-à-vous. Une masse énorme s’extirpa gauchement de la portière arrière. La mine bonhomme, vêtu d’un manteau trop long qui élargissait encore plus sa silhouette, coiffé d’un chapeau informe, le Reichsmarschall Goering tendit une main potelée à celle, sèche et ferme, du baron, incliné en profond respect. Ils franchirent la porte, et le numéro 2 du Reich laissa échapper un grognement d’aise.

(INCIPIT)
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