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Citation de Cielvariable


- Ce sont les lettres qui m'intéressent, rien d'autre, affirmai-je tout haut.
- La belle demoiselle parlerait-elle seule ?
Poussant un cri, je fis volte-face, imitant si parfaitement la petite fille prise sur le fait que je m'en serais moi-même félicitée si je l'avais une seconde prémédité. Le comte de Martine s'appuyait contre l'encadrement de la porte, l'œil luisant dans la semi-clarté de la pièce. La flamme de l'unique bougeoir projetait des ombres sur son visage, qui me parut soudain curieusement ténébreux.
- My lord... soufflai-je.
- Nous avions dis " Rafe ".
L'air satisfait, il s'arracha au chambranle et s'avança vers moi. J'étais prise au piège, songeai-je. Au piège...
- Que faites-vous dans un endroit aussi sombre et retiré ? La danse vous aurait-elle épuisé en fin de compte ?
- Je...je..
Je déglutis, incapable de surmonter ma maladresse. Je connaissais pourtant mon texte. J'agrippai mes jupes, poings serrées, et m'obligeai à prononcer les paroles nécessaires.
- C'est que... Je vous ai vu vous diriger vers l'aile ouest et je vous ai devancé. J'espérais...vous parler.
Ce fut la répartie la plus pitoyable de ma courte carrière d'actrice. J'aurai pu en mourir de honte. Cependant, la réplique arracha un sourire au comte.
- Me parler ... ? répéta-t-il en s'approchant.
Du moins, j'imaginais qu'il avançait pas à pas. Car il me semblait davantage glisser sur le sol à une vitesse inouïe, à présent si près que nous nous touchions presque. Il irradiait une chaleur qui acheva de me décontenancer.
- Oui. C'est cela...discuter...bredouillai-je dans un murmure, avant de reculer d'un pas.
Lui se rapprocha.
- Et de quoi vouliez-vous donc m'entretenir, belle demoiselle ?
Mai gaieté s'évanouit et je battis de nouveau en retraite.
- Nous avions dis " Meg ", murmurai-je, cherchant à gagner du temps.
- En effet.
Il s'exprimait d'une voix grave et à chacune de mes tentatives pour m'éloigner de lui, il répondait par une approche délibérée, jusqu'à ce que je me heurte au mur recouvert d'une tenture de damas. Rafe s'arrêta enfin devant moi et appuya une main sur la cloison, juste au-dessus de moi. Il me parut soudain... immense. Et beaucoup trop proche.
- Alors, Meg ? reprit-il à voix basse sans se départir de sa bonhomie. De quoi vouliez-vous que nous parlions ?
J'étais enivrée, mais la proximité du jeune homme eut le mérite d'instiller une note d'exaltation à mon jeu, qui en manquait cruellement. Ma raison m'ordonna de m'acquitter de ma tâche le plus vite possible. Aussi relevai-je la tête dans la pénombre, mes lèvres à quelques centimètres des siennes. A l'angle idéal...
Il me semble. je crois que j'aimerais... un baiser, comte de Martine dis-je d'une voix suave, caressante, pleine promesse. Il me semble que vous devriez me le donner.
C'était en tout cas ce que j'avais l'intention de lui susurrer. Mais lorsque j'ouvris la bouche, le souffle m'abandonna. Je me perdis dans l'immensité de son regard, si vif, si sombre. Lui aussi paraissait soudain plus haletant.
- Voila un sujet qui mérite entretien, douce Meg, chuchota-t-il.
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