Johnny est seul dans la cuisine affreusement carrelée, où le moindre bruit fait écho. Assourdissant. Il est 3h21 du matin et il se dit, le nez dans sa bière : « La fauvette aux longs cils n’était qu’une furie, sans camp de base, ni rémission possible. Elle passe, petite danseuse pétrifiée, stupéfiée, éreintée... et pourtant si sûre d’elle-même, de sa chance -qu’elle appelle mourir !- et qui danse. Le plateau est éteint.
Personne n’est encore arrivé. Elle lève ses petits bras maigres vers les cintres, marmonnant tout bas et proférant à mi-teinte des serments qu’elle sait bien ne jamais devoir tenir ni aujourd’hui ni demain, puisque chaque soir, à l’heure de danser, elle prend congé de sa vie. »
Et moi, Johnny, dans mon tee-shirt blanc fripé, je suis là, le nez dans ma bière, sans émotion ni sentiment, sans rien que mon absence à moi-même, me répétant ses phrase à elle :
« Le voyage comptait 888 kms. Et son amant la trahit. Mon amour je dois mourir maintenant. Non demain. Aurais-tu été le même si tu avais enfreint ces lois. Voulez-vous connaître mon tremblement à la vie ? Je ne l’aime pas à tout prix, mais à aucun prix. Sans attente... »
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