Jérôme Nourisson

– Laisse-le partir, conseilla-t-elle sur un ton étonnamment calme. Tu sais, je ne crois pas que monsieur Williams lui ait parlé de ça. Justin n’aime pas trop évoquer ses parents… Tu connais son histoire ; on ne peut pas lui en vouloir.

– Oui… J’ai été maladroite.

Mégane avait les larmes aux yeux. Comme tous les pensionnaires de Monroe, elle était au fait que Justin vivait là depuis qu’il avait été trouvé devant la porte de l’orphelinat, quelques jours seulement après sa naissance. Il n’avait jamais connu ses parents et ne savait même pas si ceux-ci étaient vivants ou morts. Il ne possédait aucune information, aucun souvenir, aucune photo, aucune lettre, rien. Et c’est bien cela qui lui pesait le plus : ne pas savoir.

– Tu ne pensais pas à mal, console Erin, mais imagine comme ce doit être difficile pour lui d’avancer. Comment veux-tu te construire si tu ne possèdes aucune base, qu’elle soit bonne ou mauvaise ? Moi, je connais l’histoire du naufrage de mes parents ; c’est une cicatrice douloureuse, mais j’ai au moins quelque chose auquel je peux m’accrocher pour essayer de me souvenir. Lui, il est comme un funambule qui n’aurait pas de pieds : il essaie, tant bien que mal, de maintenir l’équilibre sur le fil de sa vie, mais il lui manque cette chose indispensable, cette base sur laquelle s’appuyer pour garder le contact et faciliter son avancée.

Mégane se blottit dans ses bras.

– Ne t’inquiète pas, je suis certaine qu’il t’a pardonné, rassura Erin. Il t’aime beaucoup, tu sais… Vraiment beaucoup, ajouta-t-elle d’un ton plein de sous-entendus. Je crois que même s’il le souhaitait, il serait incapable de t’en vouloir.

Son amie souffla, puis sourit à son tour avant de sécher les larmes qui avaient perlé sur ses joues.

– On ferait mieux de descendre, le repas ne va pas tarder à être servi, initia Erin pour détendre l’atmosphère.

Tu as devant toi la princesse du passe-passe, l’impératrice de la débrouille, la reine de l’entourloupe, s’encensa-t-elle, un doigt pointé vers le ciel.
- Line

Lorsque la pierre d’Orphée entrera en symbiose avec la matière primaire au travers de votre corps, la torche que vous tenez s’allumera de flammes de feu, d’eau, d’air ou de poussière.