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Critiques de Jimmie Robinson (5)
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Bomb Queen, tome 8 : Trump Card

Ce tome fait suite à Bomb Queen Volume 7: End of Hope (2011/2012) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits, dessinés, encrés, mis en couleurs par Jimmie Robinson qui a également effectué le lettrage. Comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, il a également écrit l'introduction de 2 pages, expliquant la chronologie de parution prévue et celle réalisée par rapport aux élections présidentielles de 2020 aux États-Unis. Chaque épisode s'ouvre avec une citation, de Hannah Arendt pour les épisodes 1, 3 et 4, et de Donald Trump pour l'épisode 2.



Le révolutionnaire le plus radical deviendra un conservateur le lendemain de la révolution. - Hannah Arendt. Le 26 aout 2024, un lundi, un homme entre dans le night-club Vodoley à Vladivostok en Russie. Il se dirige vers le comptoir et entame la conversation sans préambule, avec la jeune femme sirotant un cocktail. Celle-ci accueille ses avances avec plaisir. Quelques heures plus tard, Bomb Queen se retrouve entravée, pendue au plafond avec la tête en bas, détenue par le superhéros White Knight. Ce dernier est son demi-frère, et le chef de l'équipe de superhéros Super Team Patriot, comprenant Ravenhawk, Yunique et Rizla. Il explique que l'équipe était en mission en Russie pour retrouver le scientifique qui a créé le virus du Covid-19, quand il l'a aperçue en civil dans la rue. Il l'a tout de suite reconnue, 5 ans après qu'elle ait détruit sa ville du crime. Peu impressionnée, Queen lui demande ce qu'il veut : un chantage, du sexe ? Il répond qu'il a un plan qui devrait être profitable pour tous les deux. Il souhaite qu'elle se présente comme candidate aux élections présidentielles de 2024 aux États-Unis, contre Donald Trump qui brigue un troisième mandat, en échange de quoi il veillera à ce qu'elle dispose d'une nouvelle ville du crime. Elle lui répond qu'elle est une admiratrice du quarante-cinquième président des États-Unis. Il ajoute que Trump a résisté à tout : les scandales, les enquêtes, les votes, que d'une certaine manière elle a été un Trump avant l'heure.



Bomb Queen n'accepte pas sa proposition, et ne comprend pas très bien son plan, sachant que Trump finira bien par perdre une élection. White Knight fait usage d'un boîtier dans sa main qui agit sur le cœur de Queen, envoyant des ondes de douleur dans tout son corps. Il explique que Trump a fait modifier le vingt-deuxième amendement de la constitution et le prochain vote lui permettra d'être élu à vie. White Knight laisse le temps de la réflexion à sa demi-sœur et va rejoindre Neil, le responsable du site Capewatch, un site de surveillance des superhéros et des supercriminels. White Knight lui demande ce qu'il pense de son plan, et il répond que ramener Queen sur le sol des États-Unis était une erreur, qu'elle a forcément un plan et que tout cela va mal tourner. Il sort du complexe souterrain et se dirige vers Littleville. Knight retourne chercher la réponse de sa prisonnière : elle s'est évadée, la corde pendouille dans le vide. Il se fait soudainement attaquer par derrière par Bomb Queen. Elle le fait tomber au sol, s'assoit sur lui, récupère la télécommande des nanobots dans son sang, puis s'assoit les fesses sur son visage. Après l'avoir ainsi humilié, elle déclare qu'elle accepte son offre.



Au cas où le lecteur entretienne un doute, l'auteur fait tout pour le dissiper au plus vite. Bomb Queen est toujours une supercriminelle aux méthodes extrêmes, vulgaires et outrageantes. Elle est le plus souvent vêtue d'un string sans pantalon et d'un bustier avec une fenêtre sur sa poitrine. Elle se promène souvent nue devant son demi-frère, juste pour le mettre mal à l'aise. Elle utilise un langage de charretier. La vie humaine n'a aucune valeur pour elle. Elle place sa liberté de faire ce que bon lui semble au-dessus de tout. S'il lui reste quand même un doute sur la vulgarité assumée de ce comics, il peut regarder les nouvelles qui défilent en bandeau en bas des plateaux de télés et découvrir des informations comme Les camps de sans-abri comme nouvelle destination touriste, Les légumes désignés comme nourriture malsaine par l'Agence Fédérale de la Nourriture, une nouvelle chaîne en streaming spécialisée dans les tueries de masse, etc. Quoi ! Ce n'est pas suffisant !?! Et avec un poing qui transperce un torse, une douche dorée, des gros plans sur les fesses de Bomb Queen ? Le compte y est ? En fait il y en a dans tous les épisodes, pour être sûr que le lecteur n'ait aucune chance d'oublier que le politiquement correct n'a pas le droit de cité dans ce comics.



S'étant ainsi assuré d'avoir fait fuir tous les prudes, l'auteur se lâche sans fausse honte. Sous réserve d'être adepte de l'humour noir et trash, les bandes de nouvelles en bas d'écran sont tordants, avec un sens de la formule concise extraordinaire, et une capacité à se montrer offensant avec chacune d'elle. Bomb Queen se montre criminelle et sadique comme jamais : il faut dire qu'elle doit se montrer à la hauteur d'un hypocrite de l'envergure du quarante-cinquième président des États-Unis, et ce n'est pas chose aisée. Les dessins ont cette même caractéristique d'être sans excuse. Jimmie Robinson n'est pas le plus grand des artistes, un artisan un peu limité d'un point de vue technique. Ses traits de contour sont fins, parfois un peu raides. Les expressions de visage restent dans un registre limité. Les plans de prise de vue des dialogues sont souvent statiques. Les décors peuvent parfois être simplifiés au point d'en être simplistes. Le dessinateur compense avec une mise en couleurs venant apporter du relief à chaque surface avec des dégradés lissés, et des effets spéciaux comme les lèvres rouges ultra brillantes de Bomb Queen. À nouveau les amateurs de bon goût ne sont pas à la fête, et ils auront tôt fait de reposer cette bande dessinée sans même la lire.



D'un autre côté, Jimmie Robinson ne fait pas semblant. Il est conscient de ses limites techniques, ce qui ne l'empêche pas d'investir du temps pour soigner ses pages, de la mise en couleurs, à la lisibilité, en passant par de nombreux détails, sans oublier le personnage de Trump très fidèle à l'original sans jouer de la caricature visuelle. Il ne faut pas longtemps au lecteur pour constater cet investissement de l'auteur dans ses planches. Il se donne de la peine pour rendre substantiel sa narration visuelle : les 4 superhéros de l'équipe Super Team Patriot, les 5 autres de l'équipe Z-Gen Squad, la vingtaine d'autres qui apparaissent dans le dernier épisode. Ce n'est pas l'œuvre d'un dessinateur pressé d'en finir, mais d'un artiste qui prend le temps de concevoir des costumes détaillés et des noms spécifiques, parfois avec une pointe d'humour comme Rizla dont le nom et l'apparence évoquent une célèbre marque de papier à rouler. Au fil des séquences, le lecteur constate également que Robinson soigne ses mises en page, pouvant passer d'un dessin en pleine page pour une attaque spectaculaire, à une planche comprenant 15 cases, chacune consacrée à une personne différente énonçant ce qu'elle pense de la candidature de Bomb Queen.



S'il apprécie les auteurs qui vont jusqu'au bout de leur concept, le lecteur est aux anges avec ce tome dans lequel Jimmie Robinson revient dans une forme extraordinaire. Il s'amuse bien à évoquer des actes réels et des décisions réelles du quarante-cinquième président des États-Unis, sans abuser des citations de Tweet, parce que c'est trop facile. L'intrigue est bien construite et pas un simple prétexte, avec une anti-héroïne qui se sert plus souvent et encore mieux de son cerveau que de ses pouvoirs. Bomb Queen incarne le fantasme ultime d'une facette du rêve américain : la liberté sans aucune entrave. Elle manipule l'opinion encore mieux que Trump, avec une posture dévastatrice : elle dit la vérité sur ses actes et les assume, à commencer par toutes les morts qu'elle a causées. Le plaisir de lecture ne s'arrête pas à cette intrigue et à l'attitude sans limite du personnage principal. Jimmie Robinson se lance dans une critique tout azimut de l'hypocrisie omniprésente, avec un sens de l'humour caustique irrésistible. Bien sûr, les médias en prennent pour leur grade, avec une mise en avant du fait qu'il s'agit d'une entreprise capitaliste comme une autre, dont l'objectif premier est de générer des bénéfices, et que finalement l'information n'est qu'un produit secondaire. En plus l'auteur a l'art de la pique pénétrante : dans un bandeau, le lecteur tombe sur une nouvelle concernant un site internet d'informations… composées uniquement d'opinion glanées sur les réseaux sociaux (pas sûr qu'on en soit si loin que ça). Les faiseurs d'opinion en prennent pour leur grade. Personne n'est à l'abri. Bomb Queen brise régulièrement le quatrième mur en faisant référence à ses précédents méfaits et en citant dans son dialogue, le tome dans lequel ils se sont produits. Cela lui donne l'occasion de faire des remarques également sur ses fans, sur les lecteurs de comics, qui viennent avant tout pour la voir dénudée, et pour la voir en train de se montrer sadique, brutale, vicieuse, sans retenue.



Voici un retour inespéré, le tome précédent étant paru en 2012, soit 8 ans auparavant. Le lecteur a le plaisir de retrouver Jimmie Robinson dans une forme éblouissante, avec Bomb Queen plus redoutable que jamais, atteignant des sommets de politiquement incorrect, mais aussi des sommets de critiques caustiques pénétrantes. La narration visuelle et le ton du récit sont en phase parfaite : un peu brut de décoffrage, pour une franchise décapante. Sous des dehors vulgaires, l'auteur fait montre d'un regard aiguisé sur l'hypocrisie de tout type qui préside à de nombreuses facettes de la société, en particulier les relations publiques. À condition de ne pas être rebuté par le langage cru et les comportements sans fard, le lecteur plonge dans une intrigue prenante, avec une narration visuelle professionnelle, pour une critique acerbe et intelligente des dérives hallucinantes en termes de communication. Bonus : dans son introduction, l'auteur confirme que la forme du menton de Trump sur la couverture correspond bien à la vulve de Bomb Queen.
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Bomb Queen, Volume 7 : End of Hope

Ce tome comprend les 4 épisodes de la minisérie "Atomic bomb (the day the heroes died)", parus en 2011/2012, et réalisés par Jimmie Robinson (scénario, dessins, encrage, lettrage et couleurs). Il fait suite à Time bomb (Countdown to Armageddon).



Le premier épisode débute par une citation de Malcolm X mise en exergue : "le futur appartient à ceux qui le préparent dès aujourd'hui". En 2112, une équipe de 4 policiers (3 confirmés, un nouveau) vont enquêter sur la fuite d'un criminel dans une zone neutralisée où se trouvent les ruines de New Port City (la ville carcérale dirigée par Bomb Queen des décennies plut tôt). Ils repèrent un accès souterrain qui les mène à un culte vivant dans les grottes : une secte de bibliothécaires, profession illégale depuis la fermeture des bibliothèques publiques en 2026. Ces bibliothécaires sont convaincus que la civilisation mondiale a besoin d'être purgée de son gouvernement devenu trop autoritaire, imposant une uniformisation grandissante aux individus, sous couvert de l'amélioration de la qualité de vie. Ce gouvernement mondial a réussi à instaurer la paix à l'échelle de la planète et fait respecter l'ordre par le biais de policiers pouvant télécharger l'application ShadowHawk par le biais de leur puce implantée dans la nuque de tous les citoyens. Cette intelligence artificielle peut également prendre le contrôle de tout individu en cas de danger. Le culte a implanté Bomb Queen sous forme de virus dans l'un des policiers de l'intervention, avant de les relâcher.



Tome après tome, Jimmie Robinson poursuit son questionnement sur la liberté individuelle, et ses limites dans la société humaine, par le biais de son personnage politiquement incorrecte, et même franchement pervers. Le principe de base de Bomb Queen est qu'il s'agit d'un individu qui aime faire le mal, pour être plus concret qui aime faire souffrir, qui est prêt à commettre tous les crimes les plus abjectes pour satisfaire ses pulsions, qui représente une forme dégénérée de liberté absolue. Avec cette nouvelle histoire, Robinson projette ce concept dans un futur utopique où le gouvernement en place a trouvé un mode de gestion des conflits efficace quelle qu'en soit l'échelle et augmenté l'espérance de vie de tous les habitants. Le lecteur peut supposer que le moteur reste le capitalisme, mais ce n'est pas le sujet. Il a intégré l'existence d'internet avec un soupçon de sarcasme sous la forme de versets bibliques détournés. "1.1 Au début Dieu créa l'internet. Et l'internet était sans forme ni substance, et l'interface de l'utilisateur était noire. 1.2 Alors Dieu pirata l'internet. Et Dieu dit "Que les réseaux sociaux soient". Et Dieu vit les connexions et que c'était bon".



Dès le départ, le lecteur peut constater que Robinson a travaillé sur son univers futuriste, et la narration s'en trouve densifiée. Il a trouvé une idée pertinente pour traduire l'accès omniprésent au réseau : les informations sur l'environnement et les faits historiques apparaissent sous forme de cellules de texte, comme des infobulles, au gré des accès des personnages.



Dans le cadre de l'évolution du personnage de Bomb Queen, Jimmie Robinson poursuit dans la logique des tomes précédents. ShadowHawk est devenu l'ennemi principal de Bomb Queen. Robinson s'approprie la mythologie de ce personnage et ses différentes incarnations telles que crées et développées par Jim Valentino (épisodes réédités dans Shadowhawk Chronicles 1), l'un des fondateurs d'Image Comics et responsable de la branche Shadowline (celle qui publie les séries sortant le plus de l'ordinaire). Bomb Queen continue d'être l'incarnation des vices de l'humanité, sans autre valeur rédemptrice que la liberté de ne pas se conformer, de reconnaître le mal inhérent à la nature humaine.



À partir de ces prémisses, Robinson mêle une aventure de ShadowHawk essayant de circonscrire Bomb Queen dans une prison virtuelle dans le cyberspace, avec des échanges de points de vue sur la nature de la liberté, les règles de vie de toute société, les circonstances et les symptômes de leur dérive vers le totalitarisme. L'aspect superhéros n'est pas très original, les combats sont basiques et la logique parfois un peu laborieuse. Le coté idéologique est plus intéressant, même s'il s'accompagne de quelques pages chargées en phylactères de dialogues parfois un peu artificiels. La conclusion est à la hauteur et met à nouveau en valeur le personnage de Bomb Queen.



Jimmie Robinson assure également tout seul la partie graphique. Il utilise toujours son style simple, une forme de réalisme débarrassé de toute information superflue pour tendre vers des dessins vite lus, à l'apparence quelconque. Par contre, il prend toujours soin de donner des formes de visages spécifiques à chaque personnage. Fidèle à son credo, il assure la diversité culturelle et raciale parmi les individus. La prise en charge de toutes les composantes de son comics lui permet également d'insérer harmonieusement les infobulles avec des fonds et des logos différents pour visualiser différentes natures d'informations. Ce dispositif rend compte avec justesse du volume d'informations accessibles dès lors que l'individu est connecté à internet. Bomb Queen conserve l'apparence de la bad girl ultime avec tour de poitrine improbable et fessier comme un ballon de foot. Robinson ne se gêne pas pour ajouter quelques offenses visuelles bien senties telles que la forme de connexion entre Bomb Queen et un autre esprit emprisonné dans le cyberespace (sous forme de rapport sexuel réprouvé par la religion), la population non-conformiste de la nouvelle New Port City, une connexion internet illégale à partir d'un port dans l'orbite de l'individu, ou encore la dégradation physique que Bomb Queen fait subir au corps qu'elle a emprunté.



Dans ce tome, Jimmie Robinson continue sa réflexion idiosyncrasique sur la liberté, la nature du mal et le droit à la différence avec sa supercriminelle irrécupérable. Cela donne un récit prenant et intéressant dans le fond, parfois rendu laborieux par une forme narrative trop dense. Néanmoins Robinson n'est pas ridicule face aux auteurs qu'il a choisi de citer : Malcolm X, Jean Genêt, William Hazlitt et Siddhartha Gautama. Il indique dans les pages de fin qu'après cette histoire, il fait une pause dans les histoires de Bomb Queen pour se consacrer à d'autres comics.
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Bomb Queen : Gang Bang

Ce tome regroupe 4 épisodes hors série.



Black Light versus Bomb Queen (2006, scénario de Scott Wherle, illustrations de Jimmie Robinson) - Lina Juarez est une superhéroïne qui évolue dans l'univers partagé de Shadowhawk, sous le nom de Blacklight. Elle maîtrise une forme d'énergie appelée Black Matter. Elle se rend à Las Vegas pour rencontrer les membres de Capewatch, une organisation fictive qui gère un site internet dédié à rapporter les faits et gestes de superhéros. Bomb Queen a décidé de s'octroyer des vacances pour faire un peu de shopping au salon de l'armement qui se tient au même hôtel que la convention à laquelle assiste Blacklight.



Les miniséries de Bomb Queen sont publiées par Image Comics dans la branche "Shadowline". Le patron de cette partie d'Image est Jim Valentino, le créateur de ShadowHawk qui prête ses superhéros (dont Blacklight, mais aussi Rebound) assez facilement. Scott Wherle était le scénariste de ShadowHawk et il a donc la possibilité de jouer avec Bomb Queen. Cette dernière est égale à elle-même, avec un langage légèrement plus châtié que d'habitude et elle est un peu moins cruelle. L'histoire se laisse lire, mais sans passion. Robinson n'est pas très inspiré pour les illustrations. 2 étoiles.



Bomb Queen presents All-Girl Comics (2009, scénario de Kris Simon & Cat Kahill, illustrations de Seth Damoose) - Une terrible épidémie s'est abattue sur les États-Unis : les hommes sont devenus incapables d'avoir une érection. Devant une telle catastrophe sanitaire, Fellowship of Freedom (une équipe de superhéroïnes) s'est mobilisée : Fetish, Dee Rail, Blacklight, Rebound, Tempest et Editor Girl. Elles proposent à Bomb Queen de participer à leur enquête, même si cette dernière la mène seule de son coté.



Cette fois-ci, Bomb Queen est vraiment elle-même et son langage n'est en rien censuré. L'histoire est bien scabreuse, mais la fin arrive très rapidement. Les illustrations lorgnent du coté cartoon avec un encrage un peu gras et anguleux qui fait penser à un comics underground. Le résultat est plus savoureux que le premier épisode, sans pour autant prétendre à l'inoubliable. 3 étoiles.



Bomb Queen vs. Hack/Slash (2011, scénario et illustrations de Jimmie Robinson) - Cassie Hack et Vlad débitent tranquillement du slasher, quand ils se rendent compte qu'ils doivent faire face à une véritable invasion venue d'une autre dimension. N'écoutant que leur vocation, ils suivent Pooch et se retrouvent dans un monde post apocalyptique déchiré entre Bomb Queen et Ashe, le chat de Bomb Queen.



Cet épisode a l'avantage d'être entièrement réalisé par Jimmie Robinson (le créateur de Bomb Queen) qui prend soin d'elle, et de Cassie et Vlad. Robinson se sert de cette histoire pour montrer au lecteur ce à quoi pourrait ressembler un monde sous la coupe de Bomb Queen et Ashe. Elle fait appel aux composantes développées dans Suicide Bomber. La rencontre est savoureuse, mais elle n'apporte rien de neuf au monde de Bomb Queen, ou à celui de Hack / Slash. 3 étoiles.



Bomb Queen presents All-Girl Special (2011, scénario et illustrations de Jimmie Robinson) - Après les événements de Time Bomb, Sarah Palin est présidente des États-Unis et elle a convoqué Fetish, Dee Rail, Blacklight, Rebound et Tempest pour essayer de capturer Bomb Queen. Cette dernière a découvert que 6 présidents des plus grands états du monde disposent d'une banque de clones. Ils téléchargent régulièrement leurs souvenirs dans les corps des clones en attente. En cas de décès regrettable d'un de ces chefs d'état, il peut être remplacé au pied levé par son clone. Que va faire Bomb Queen de ce savoir, comment va-t-elle s'en servir ?



Jimmie Robinson écrit et dessine un intermède pour Bomb Queen et le lecteur retrouve tout ce qui fait le sel de cet auteur : une parodie vacharde de politique (avec Sarah Palin, les répliques s'écrivent toutes seules, mais aussi avec la Reine d'Angleterre), Bomb Queen vicieuse et mortelle, les superhéroïnes incapables d'être à la hauteur de Bomb Queen, et une autre criminelle (Tits) qui empale ses victime sur ses tétons acérés. Ami du bon goût, prenez les jambes à votre cou et fuyez. Amateurs d'humour trash et poil à gratter aux dépends des superhéros, vous êtes servis. 4 étoiles parce que le scénario se complaît dans un point de départ de série Z.
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Bomb Queen, Volume 6 : Time Bomb

Ce tome regroupe les 4 épisodes de la minisérie parue en 2009/2010. Il fait suite à The Divine Comedy.



Barack Obama vient d'être élu président des États-Unis et il se prononce clairement contre l'existence de New Port City, la ville fictive gouvernée par Bomb Queen. Il est impensable que son administration laisse perdurer une situation dans laquelle elle cautionne un état de fait qui autorise le viol, le meurtre, l'esclavage sexuel, et d'autres choses encore moins ragoûtantes. Dans un discours très inspiré, il explique que la précédente administration a laissé faire, il expose les règles surannées de New Port City en les comparant explicitement à des règles de comics où les superhéros se bornent à capturer les supercriminels au fur et à mesure qu'ils s'échappent de prison. Évidemment, les journalistes dans la salle font observer qu'aucun électeur ne souhaite que les criminels enfermés en tant qu'habitants à New Port City ne soient relâchés dans la nature. Tranquillement installée dans le restaurant de Momma Wong, Bomb Queen regarde l'allocution d'Obama à la télévision en se gaussant (pendant que Mama Wong joue avec un jeune garçon). Momma Wong est chargée d'aller récupérer un squelette ou deux dans le placard d'Obama par l'entremise de Cape-watch, pendant que Bomb Queen prépare sa réponse médiatique.



Jimmie Robinson est de retour et il est déchaîné. Le lecteur retrouve tout ce qui fait que cette série mérite le qualificatif d'hors norme. Pour commencer, il n'y a pas d'atténuation dans la provocation : ça commence par Momma Wong en train de masturber un très jeune adolescent, ça continue par des sodomies non consenties sur le ton de la plaisanterie, sans oublier les meurtres, les insultes raciales, les terroristes islamistes, les néonazis, etc. L'utilisation de ce genre de crimes peut relever de la provocation gratuite de mauvais goût, comme d'un dispositif narratif risqué. Ce qui peut permettre d'accepter (ou de tolérer) l'usage de ces atrocités à des fins humoristiques est que Robinson vise plus haut que la simple collection d'horreurs gratuites, faciles et racoleuses.



Pour commencer, il ne donne aucune excuse à son personnage principal : Bomb Queen commet des crimes pour son plaisir, en pleine connaissance de cause. Il ne s'agit pas d'une criminelle d'opérette, mais d'une criminelle sans valeur rédemptrice, cruelle, sadique et égocentrique, incapable d'empathie. Robinson s'en sert dans un premier temps pour démontrer les limites d'une politique pragmatique, adepte du compromis. Il soutient la thèse inconfortable que pour lutter contre des organisations extrémistes, il faut oser utiliser des méthodes adaptées qui ne sont ni démocratiques, ni respectueuses des libertés individuelles ou des droits de l'homme. Ensuite, il critique ouvertement les stratégies politiques consistant à privilégier une action médiatique (supprimer New Port City) aux dépends des problèmes de fonds. Ici un conseiller d'Obama lui fait observer que chaque moment passé à s'occuper de Bomb Queen diffère d'autant les réformes du système de sécurité sociale.



C'est vrai que certaines pages sont un peu chargées en discours idéologiques du fait du nombre réduit d'épisodes ; mais Robinson sait contrebalancer les aspects sérieux, par un humour reposant sur différents types de comique pour éviter la prétention. C'est ainsi que le lecteur peut se réjouir du retour d'Editor Girl, la superhéroïne qui réécrit le contenu du phylactère pour le tourner contre la personne qui a prononcé ces propos (une magnifique idée qui ne fonctionne que dans une BD). Il convoque également une pléthore de superhéros de l'univers plus ou moins partagé d'Image Comics : Shadowhawk (toujours obligeamment prêté par Jim Valentino, l'éditeur de la série Bomb Queen), Shaft de Youngblood, Dynamo 5, Red Cross, Blacklight, et plein d'autres inconnus. Bien sûr tous ces superhéros de bonne volonté passent pour des naïfs inefficaces face aux troupes sans pitié, ni honneur de Bomb Queen. Dans ce grand défouloir idéologique, Robinson ne se gène pas pour caricaturer les réactions de quelques autres politiques dont la sémillante Sarah Palin. Il sait également capter l'air du temps avec une verve savoureuse. C'est ainsi qu'il singe une couverture de magazine à sensation avec Bomb Queen se plaignant d'avoir été victime de WikiLeaks qui a dévoilé à la presse sa grossesse suite à ses relations avec Obama. Difficile de résister à un tel défouloir décomplexé qui ne respecte rien ni personne (les lecteurs de comics en prennent également pour leur grade).



Coté graphique, Jimmie Robinson a conservé son style détaillé, un peu cartoon qui fait glisser toutes les horreurs les plus ignobles avec une facilité dérangeante. Outre la mise en scène de Momma Wong assouvissant ses pulsions immorales sur un mineur, le lecteur chasse les détails éparpillés dans les locaux de Cape-watch indiquant comment les journalistes amateurs ont été maltraités (le lecteur devient le complice de Robinson), il pouffe devant le simulacre de talk-show composé de féministes se prenant les pieds dans le tapis en défendant Bomb Queen (il y en aura pour tout le monde), il admire le grand écart de langage corporel entre celui extraverti et obscène de Bomb Queen et celui très sage et BCBG d'Editor Girl. Et il est difficile de rester de marbre devant ce supercriminel qui tire des rayons destructeur avec son appareil sexuel.



Jimmie Robinson n'a de cesse de repousser les limites du mauvais goût et de la provocation politique pertinente. À condition de supporter les blagues trashs et vulgaires, le lecteur s'embarque pour un voyage un peu désordonné et parfois indigeste, mais jamais complaisant ou fade.
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Five Weapons, tome 1 : L'école des assassins

Une bonne BD jeunesse, avec ce premier tome plutôt drôle et surtout efficace. Bien aimé le personnage de (léger Spoiler) Shainline/Enrique, envoyé dans cette école dont les étudiants "étudient" pour devenir... des tueurs. Avec comme armes de prédilection les couteux, le bâton, l'arc, etc. Shainline, lui, arrive avec la conviction qu'on peut se défendre sans armes et décide de le prouver en battant chaque chef de "clan".

Le tout ne manque pas d'humour (les détails dans le décor sont parfois à mourir de rire) et de qualités. Le deuxième tome étant paru en même temps, je ne tarderai pas à me l'engouffrer...
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